Québec: comme les policiers, les Libéraux boycotteront la commission sur la crise étudiante

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Publié 08/05/2013 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

à 15h24 HAE, le 13 mai 2013.

QUÉBEC – À l’instar des syndicats représentant les policiers, le Parti libéral du Québec (PLQ) va boycotter la Commission spéciale d’examen sur les manifestations du printemps 2012.

Au pouvoir au moment de la crise, le PLQ ne va pas aller se compromettre devant cette «mascarade de haut calibre» dont la finalité est de «manger du libéral», a indiqué lundi le porte-parole de l’aile parlementaire libérale, Charles Robert.

En vertu du mandat conféré par le gouvernement péquiste, la Commission «rencontrera les intervenants qu’elle estime nécessaires» afin, notamment, «d’identifier les facteurs ayant contribué à la détérioration du climat social» avant la crise.

La Commission n’a pas le pouvoir de contraindre quiconque à se présenter devant elle mais les organisations et les individus qui souhaitent soumettre des faits seront invités à le faire préalablement par écrit. Un site Internet consacré à la Commission sera rendu disponible le 1er juin pour expliquer la marche à suivre.

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Claudette Carbonneau

L’opposition libérale s’est braquée contre la Commission présidée par le criminaliste et ancien ministre péquiste Serge Ménard dès que sa création a été annoncée la semaine dernière par le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron.

Selon le député libéral Robert Poëti, la seule présence de l’ancienne présidente de la CSN Claudette Carbonneau parmi les commissaires _ aux côtés de M. Ménard et de l’ex-juge Bernard Grenier _ suffit à discréditer complètement l’exercice.

«Elle est membre du Conseil de la souveraineté depuis 2012, elle s’est exprimée largement durant les manifestations et d’une façon très négative face aux policiers, elle s’est exprimée contre le travail policier», a fait valoir M. Poëti.

Compte tenu du rôle que la CSN et les autres centrales syndicales ont joué en faveur des manifestants pendant le printemps érable, l’ancienne présidente de la centrale ne peut pas siéger en toute sérénité au sein de cette commission, croit le député.

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Les syndicats «ont financé les manifestations, les organisations étudiantes, des employés de la CSN ont travaillé durant la crise pour alimenter les manifestations», a-t-il relaté.

Huis clos

Le déroulement à huis clos des travaux de la Commission est tout aussi inacceptable aux yeux du député de Marguerite-Bourgeoys et ancien policier. L’exercice, à son avis, se résumera à une longue litanie de plaintes contre la police derrière des portes closes, au mépris de la démocratie.

«J’aimerais que les citoyens du Québec entendent et voient les gens qui viennent se plaindre. Mon impression, c’est qu’il va y avoir beaucoup plus de gens qui vont venir se plaindre que de gens qui vont dire qu’ils sont contents. Quand ce gouvernement promet qu’il sera transparent, voici un bel exemple du contraire. La démocratie, pour moi, ça se fait en public», a-t-il dit.

La Commission spéciale d’examen n’a pas encore entamé ses travaux mais déjà, les grands syndicats de policiers ont fait savoir qu’ils bouderont la tribune.

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La Fraternité des policiers et policières de Montréal et la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec ont dressé ces derniers jours une longue liste de griefs contre cette commission: la présence de Mme Carbonneau parmi les commissaires, ses travaux à huis clos et son parti pris allégué contre la police.

Conformément à son mandat, la Commission analysera en outre «les techniques utilisées par les forces policières» pendant les manifestations, de même que «les méthodes employées» par «des agitateurs».

Elle devra rendre son rapport au plus tard le 20 décembre 2013.

Gabriel Nadeau-Dubois

La semaine dernière, les principaux partis d’opposition à l’Assemblée nationale du Québec avaient tourné en dérision la Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012, annoncée la veille par le gouvernement péquiste.

Ne manque que Gabriel Nadeau-Dubois au poste de secrétaire de la commission, a ironisé le député libéral Robert Poëti, au cours d’une période de questions houleuse qui a porté presque exclusivement sur le sujet.

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Libéraux et caquistes jugent que cette commission, qui se déroulera à huis clos, est teintée de favoritisme politique, en plus d’être biaisée contre le travail des policiers.

Selon eux, la nomination de l’ancienne présidente de la CSN Claudette Carbonneau au poste de commissaire illustre le biais de cette commission en faveur des manifestants et contre le travail des forces de l’ordre.

Le député Gérard Deltell, de la Coalition avenir Québec (CAQ), a brandi un texte du 10 août dernier dans lequel Mme Carbonneau vante les mérites de «carrés rouges», et dénonce «l’approche méprisante et matamore à l’égard de la jeunesse, et le débat tordu et réducteur sur la loi et l’ordre».

Le député de Chauveau a soutenu qu’après avoir tout cédé aux militants étudiants, le gouvernement Marois s’est trouvé une alliée pour blâmer la police.

Critiqué de toutes parts, le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, s’est évertué à défendre «l’indépendance» de la commission dirigée par l’ancien ministre péquiste Serge Ménard, aux côtés de Mme Carbonneau et de l’ex-juge Bernard Grenier.

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Que ce soit à propos du travail des policiers ou des gestes commis par les «agitateurs», la commission entendra «tous les Québécois et toutes les Québécoises» qui veulent donner leur point de vue, a insisté le ministre Bergeron.

Demande insistante

Le gouvernement affirme répondre à la demande «pressante, insistante, répétée» entendue depuis l’automne dernier en faveur d’une revue des événements du Printemps érable, a expliqué le ministre Bergeron.

Les commissaires ont reçu le mandat d’analyser «les circonstances des manifestations et actions de perturbation» tenues durant la crise étudiante et «d’identifier les facteurs ayant contribué à la détérioration du climat social».

L’objectif de la démarche est «d’apporter un éclairage qui permettra d’agir de façon à maintenir la paix sociale» et non de trouver des coupables, a insisté M. Bergeron.

Mais si le but de la commission n’est pas de désigner un coupable, le ministre Bergeron semble avoir déjà tiré des conclusions.

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Hausse des frais de scolarité

«S’il n’y avait pas eu une volonté de la part du gouvernement précédent de hausser de façon démesurée les frais de scolarité, nous n’aurions probablement pas assisté à cette crise-là», a-t-il dit.

Dans une déclaration lue devant la presse, M. Bergeron n’a pas soufflé mot sur le rôle joué par l’opposition péquiste durant les événements de 2012 _ le port du carré rouge par les députés, par exemple _ se limitant à critiquer le «gouvernement du Parti libéral».

Néanmoins, la commission n’a pas été mise en place «pour faire porter quelque blâme que ce soit au précédent gouvernement», a par la suite expliqué le ministre.

«Ce sera aux membres de la commission d’en arriver éventuellement à une telle conclusion», a-t-il dit.

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Procès des policiers?

Pour les principaux partis d’opposition, cette commission d’examen accuse un sérieux déficit de crédibilité. Le mandat donné aux commissaires laisse croire qu’il s’agira d’un procès intenté aux policiers, selon libéraux et caquistes.

Le ministre Bergeron «a perdu la confiance des 15 000 policiers du Québec, des commerçants et des citoyens qui ont été pris dans le métro de Montréal», a déclaré le porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique, Robert Poëti.

«C’est dépenser inutilement l’argent des contribuables, c’est une récupération politique insoutenable», a-t-il argué.

La Coalition avenir Québec (CAQ) estime quant à elle que l’exercice est non seulement biaisé mais inutile dans la mesure où les témoins ne pourront être contraints à se présenter à la barre.

«On veut savoir ce qui s’est passé, parfait, mais pas de façon biaisée comme ce qui nous a été présenté aujourd’hui. Les engins fumigènes, les bouteilles d’urine lancées à la police, est-ce qu’il y a quelqu’un qui va venir se vanter de ça s’il vient témoigner volontairement?» a soulevé le député Jacques Duchesneau.

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