J’ai découvert la romancière améicaine Donna Leon en lisant Deux veuves pour un testament (que j’ai recensé en juin dernier). Leon vit depuis près de trente ans à Venise et ses polars mettent toujours en scène le commissaire Guido Brunetti. Sa plus récente enquête s’intitule L’inconnu du Grand Canal.
Dès la première page, un cadavre défiguré flotte dans le Grand Canal. Aucun élément d’identification, aucun signalement de disparition dans la région de Venise. Le mystère semble bien épais pour le commissaire Brunetti.
De fil en aiguille, on apprend que le disparu est un vétérinaire qui travaillait dans un abattoir. La description de cet endroit donne lieu à une des scènes les plus tendues du roman. Donna Leon fait appel à plusieurs sens – vue, ouïe, odorat – pour évoquer le côté brutal et quasi sordide de l’abattement des bovins.
La romancière a l’art de camper des personnages qui se démarquent, qui par un signe physique parfois grotesque, qui par un tempérant bouillonnant, qui par une beauté séduisante.
Elle ne peint pas la famille italienne traditionnelle, très unie. Ce genre de famille est d’ailleurs devenu une antiquité. Elle avait été fabriquée à «une époque plus simple […] et pour des gens qui attendaient des choses plus simples de la vie».
Tel que mentionné plus haut, nous sommes à Venise, près de la piazza San Marco. Le commissaire Brunetti se promène à bord d’un vaporetto, mange du parmigiano reggiano et des gressins, accompagnés d’un pinot grigio.
L’auteure compare son commissaire à un compositeur d’opéra: «il disposait de notes et d’arias, d’une gamme de chanteurs, de l’esquisse d’une intrigue, mais le tout ne formait pas encore un livret cohérent».