Quand un auteur sait rire de lui-même

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Publié 06/10/2009 par Paul-François Sylvestre

Les Éditions de L’Olivier (Paris) viennent de publier la traduction d’un quatrième roman de Michel Faber, auteur né aux Pays-Bas mais qui a surtout vécu en Australie avant de s’établir en Écosse. Sa dernière création est Le Cinquième Évangile, un roman tour à tour drôle, irrévérencieux et palpitant.

L’action du roman se déroule d’abord en Irak, puis se transpose principalement aux États-Unis. Il y a cependant une connexion canadienne. Le protagoniste est Theo Griepenkerl, linguiste titulaire d’une bourse de recherche au Toronto Institute of Classical Studies.

Il visite un musée à Mossoul (Irak) lorsque une explosion se produit. Dans les débris qui l’entourent, Griepenkerl remarque qu’un bas-relief représentant une déesse enceinte a été endommagé. Le ventre est ouvert comme la coquille d’un œuf éclos et neuf rouleaux de papyrus y sont cachés.

Griepenkerl s’empare des papyrus, les examine brièvement et se rend compte que le texte est araméen, sa spécialité en tant que linguiste. Il rentre rapidement à Toronto et commence à traduire sa trouvaille en anglais.

Les papyrus sont les mémoires de Malchus, témoin des derniers jours de Jésus. Sentant qu’il a un trésor inestimable entre les mains, Griepenkerl veut les publier et faire fortune. Seul un obscur éditeur universitaire lui offre un contrat d’édition.

Le style de Michel Faber est léger et entraînant. À partir d’un sujet assez pointu, d’une matière relativement obscure, il bâtit une intrigue aux multiples rebondissements. Le Cinquième Évangile tourne en dérision cette mode des textes anciens, censés révéler au monde LA vérité. De plus, et c’est là ce qui m’a le plus fasciné, Faber nous offre une satire cinglante des mœurs de l’édition et de la culture de masse.

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Griepenkerl publie Le Cinquième Évangile sous le nom de Grippin (plus vendeur) et connaît un immense succès qui le propulse au rang de célébrité. Il fait une tournée de promotion aux États-Unis, tout fier de profiter des avantages d’une soudaine popularité. Mais Grippin est rapidement dépassé par le scandale que provoquent les révélations de Malchus, cinquième évangéliste.

D’un chapitre à l’autre, nous assistons à des exercices vénaux d’érudition imaginaire, à des foutaises fumeuses, voire à des élans de théologie à la Mickey Mouse. Des lecteurs du Cinquième Évangile tentent de se suicider et, en pleine séance de signature à Manhattan, Grippin est kidnappé par deux fanatiques.

Ce roman illustre à quel point un auteur peut prendre plaisir à rire de lui-même. Il n’a pas à se sentir comme «un chef d’orchestre obligé de partager la scène avec une troupe de pépettes pop minaudantes».

Michel Faber, Le Cinquième Évangile, roman traduit de l’anglais par Adèle Carasso, Paris, Éditions de L’Olivier, 204 pages, 27,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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