L’histoire de l’Ontario est peu ou mal connue. Combien de gens savent qu’une bonne partie de notre province a déjà fait partie du territoire du Québec? Les quatre cents ans de la ville de Québec fournissent l’occasion non seulement de célébrer mais aussi de se rappeler une partie de notre histoire. Dans cette année d’anniversaire, bien des organismes ont choisi de tenir leur congrès à Québec. C’est le cas entre autres de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) qui y tient cette semaine ses assises annuelles.
Dans le cadre de ce 29e congrès annuel de l’AJEFO, le professeur titulaire Michel Morin, de la Faculté de droit de l’Université de Montréal, a prononcé une intéressante allocution intitulée «Quand Toronto faisait partie de la Province de Québec: les débats entourant la common law et les institutions britanniques de 1774 à 1791».
Les juristes qui s’inquiètent de la pénurie actuelle de juges de paix bilingues en Ontario ont pu être surpris d’entendre qu’«en 1787, le Gouverneur est autorisé à ériger de nouveaux districts judiciaires et à y nommer des jugesi.
À compter de 1789, des règles de procédure et preuve particulières sont adoptées, notamment dans le district de Hesse, qui inclut la région de Détroit. On se rappellera qu’une importante communauté francophone y est établie depuis le Régime français. Une ordonnance déclare alors valide les actes notariés passés de bonne foi avant l’arrivée d’un notaire légalement nommé, même si le notaire ayant reçu l’acte n’avait pas obtenu une commission du gouverneur de la provinceii…
Après la création du district de Hesse, trois juges de paix sur huit sont francophonesiii. Puis, trois commerçants sont nommés juges de la Cour des plaids communs, dont un francophone, Jacques Duperon Baby. Ils refusent toutefois d’accepter cette charge, en raison des nombreuses situations de conflits d’intérêts dans lesquelles ils se trouveraient placés. D’autres commerçants présentent une pétition réclamant qu’un juriste soit choisi, car les causes entendues dans le district sont nombreuses et complexes, notamment en raison du commerce des fourrures.»