Quand l’Espagne dépasse le Canada!

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Publié 06/06/2006 par Gabriel Racle

L’Espagne célèbre cette année le 20e anniversaire de son entrée dans l’Union européenne. Mais elle peut faire plus, elle peut se vanter d’obtenir de bien meilleurs résultats que ses grands voisins continentaux.

«Le bilan économique espagnol fait rêver les grands argentiers européens», titrait Le Monde du 28 décembre 2005. «La péninsule ibérique affiche une santé économique insolente au regard des pauvres performances française et allemande», écrivait le journal.

En effet, la croissance a atteint 3,4 % en 2005, soit «plus du double de la moyenne européenne», comme l’a mentionné avec fierté le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, qui pronostique un taux de croissance «de 3,2 à 3,3 % en 2006». Depuis 2000, sauf en 2002 où elle n’a atteint que 2,7 %, la croissance espagnole a toujours dépassé les 3 %.

Pour nous situer, le 6 février 2006, David Dodge, gouverneur de la Banque du Canada, déclarait: «Nous jugeons que l’économie canadienne dans son ensemble fonctionne actuellement à pleine capacité. Nous nous attendons en outre à ce qu’elle progresse à peu près au même rythme que la production potentielle jusqu’à la fin de l’an prochain, c’est-à-dire, plus précisément, à un taux de croissance annuel moyen de 3,1 % en 2006 et de 2,9 % en 2007.»

Le chômage a remarquablement baissé en Espagne. De près de 24 % en 1994, à 13,4 % en 2000, il ne touche plus que 8,4 % de la population active, grâce à la création d’environ «un million de postes de travail». Il se trouve ainsi légèrement inférieur à la moyenne européenne (8,5 %).

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Quant aux comptes publics, pour la première fois en Espagne depuis 30 ans, grâce à l’assainissement des comptes de l’État entrepris par le gouvernement socialiste, ils sont excédentaires de plus de 1 % du produit intérieur brut (PIB). Et ce produit intérieur brut, qui représente la valeur simple de tous les biens et services produits dans une année à l’intérieur d’un pays, est en Espagne supérieur «à 1 000 milliards de dollars et dépassé, en valeur absolue, celui du Canada», écrivait de Madrid Virginie Malingre, le 29 décembre dernier.

Le PIB de l’Espagne est, en effet, classé au 8e rang mondial, (CanadExport) devant le Canada, membre du G7, le groupe des sept pays les plus riches du monde (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie et Canada).

Cela n’a pas échappé au chef du gouvernement espagnol qui «juge bon que l’on reconsidère le rôle international de l’Espagne… L’Espagne doit être un membre actif du nouveau monde qui est en train de se créer», et donc s’intégrer au G7.

Comme le fait remarquer la revue économique L’Expansion, «le dynamisme de la demande intérieure explique la croissance espagnole (+0,5 % au premier trimestre 2006). Les créations d’emplois (228 000 au premier trimestre), mais aussi la hausse des salaires et les taux d’intérêt historiquement bas ont entretenu l’appétit des Espagnols. Le PIB de la péninsule a augmenté de 0,6% au premier trimestre. La progression du pouvoir d’achat des ménages et la baisse du nombre de demandeurs d’emplois encouragent les Espagnols à la dépense. La croissance reste également tirée par le boom de la construction.» (19 mars 2006).

L’Espagne a cependant quelques problèmes, reconnus d’ailleurs par Zapatero: l’inflation (3,4%), une des plus élevée de la zone euro (2,3%), la détérioration de la compétitivité, l’endettement des familles, la surévaluation des prix du logement, le fait que près de 70 % des emplois créés sont à durée déterminée, tout cela pourrait «entamer sévèrement la croissance de l’économie et les perspectives de l’emploi» (Standard and Poor’s, une des trois principales sociétés de notation financière).

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Mais incontestablement, c’est aussi grâce aux politiques de développement financées par les fonds structurels de l’Union européenne, que ces progrès considérables ont été obtenus. D’innombrables projets concernant transports, infrastructures, soutien à l’activité économique ont permis à ce pays de rattraper son retard.

On comprend ainsi facilement l’adhésion de l’Espagne au projet de Constitution de l’Europe, tout comme les nombreux panneaux qui témoignent haut et fort de la contribution de l’Union à la réalisation de tels ou tels travaux. L’Union fait la force.

Et en même temps que se développent les progrès économiques de l’Espagne, se développe aussi une réforme politique de ses institutions. Sous la pression des nationalismes, surtout catalan et basque, l’Espagne a entrepris une révision complète de sa structure politique. C’est d’ailleurs le chef du gouvernement qui a encouragé une démarche vers ce qu’il appelle «L’Espagne plurielle».

Celle-ci compte 17 régions et deux villes autonomes (Ceuta et Melilla, en territoire marocain), dotées d’un statut particulier, qu’il est question de réformer. «Nous sommes une nation, nous avons le droit de décider», clamaient le 18 février une centaine de milliers de personnes dans les rues de Barcelone. Et le 22 mars, l’ETA annonçait un cessez-le-feu permanent, comme le laissait entrevoir notre article «La paix est-elle contagieuse?» dans L’Express du 30 août 2005.

Pour l’instant, on en est là, mais sur ce fond de croissance économique du pays, tout séparatisme outrancier semble bien exclu.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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