Quand l’écriture permet de trouver sa place

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 15/09/2015 par Paul-François Sylvestre

J’ai toujours aimé lire des recueils de nouvelles, mais pas toujours dans l’ordre où elles sont présentées. Je commence ordinairement par la plus courte.

J’ai cependant suivi la table des matières en lisant L’Horloger de Félix Villeneuve, sans savoir que le temps m’avait poussé à le faire. Le temps qui est tour à tour immuable, fascinant, capricieux, à la fois long et court.

Les sept nouvelles du recueil sont autant de soubresauts dans l’imaginaire de ce jeune auteur originaire de Destor, aujourd’hui un quartier de Rouyn-Noranda.

Chaque texte a de quoi déstabiliser le lecteur. On est presque toujours plongé dans un univers cousu avec l’aiguille de l’irréalité et le fil de la fantaisie. Félix Villeneuve a une imagination fertile et il sait nous en faire profiter.

Pour vous donner un exemple, dans la nouvelle intitulée Le héros, nous nous retrouvons dans un monde étrange où «une odeur devient une sensation sur la peau, [où] le goût de l’air sur la langue se mue en note de musique».

Parlant de héros, c’est le nom du chien dans la nouvelle L’ami fidèle. Héros est «un magnifique border collie, blanc et brun, plutôt costaud pour sa race, au visage brillant et aux yeux débordant d’intelligence». Il ressuscite pour accompagner son maître dans l’ultime voyage. En lisant cette nouvelle finement ciselée, je caressais ma chienne Lilly en me disant qu’elle deviendrait une Héroïne.

Publicité

Le style de Félix Villeneuve est étrangement aussi sombre que coloré. Pour décrire une infirmière acariâtre, il écrit que cette «femme flétrie semblait n’avoir jamais mis pied au marché de l’amour». Ailleurs, il note comment l’agonie dégage des «effluves pestilentiels précédant la sublimation de l’âme». Et lorsqu’une personne est au bout de sa peine, il écrit qu’«aucun papier n’était assez épais pour absorber l’immensité de son désespoir».

Sublime plume!

En lisant la nouvelle intitulée Le Sombre, je me suis dit que l’auteur imagine probablement que tous ses lecteurs et lectrices sont bilingues. Assez, du moins, pour ne pas sentir qu’il doive traduire sept répliques de l’anglais au français. Bizarre!

L’Horloger est un recueil qui nous propose un univers tour à tour fantastique, philosophique et poétique. L’ouvrage nous donne l’image d’un auteur «solitaire, sensible, troublé, cherchant dans l’écriture une place qui lui échappait». Il l’a sûrement trouvée.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur