J’ai rarement trouvé un roman aussi difficile à recenser que Trouve-moi, d’André Aciman qui a connu un succès international avec Appelle-moi par ton nom. Et cela tient au fait que «nos existences ne sont rien de plus que des excavations qui s’étagent à des niveaux toujours plus profonds que nous le pensons».
Coup de foudre
Lorsque l’histoire commence, cinq ans se sont écoulées depuis la fin de l’éclatante relation amoureuse entre Oliver et Elio. Le père de ce dernier prend le train pour lui rendre visite à Rome. Il rencontre une femme à la fois délicate et impulsive qui a toujours une tempête bouillonnant dans sa tête. C’est le coup de foudre.
Aciman multiplie les rebondissements de cette relation et illustre comment nous avons tous une façon personnelle de créer des écrans pour tenir la vie à distance. «Il est possible que vivre le quotidien avec ses joies et ses chagrins dérisoires soit le moyen le plus sûr de tenir la vraie vie à distance.»
Quant à Elio, il mène une carrière de pianiste et suscite une passion inattendue chez un homme deux fois plus âgé que lui. Dans de longs passages tout en douceur, l’auteur démontre comment il arrive parfois qu’on rencontre une personne et qu’on ait l’impression de la connaître depuis toujours.
Tout le monde a de nombreuses vies
Il écrit que tout le monde a de nombreuses vies. «Certaines attendent leur tour car elles n’ont pas été vécues, d’autres meurent avant d’avoir fait leur temps, et d’autres encore attendent d’être vécues une deuxième fois parce qu’elles ne l’ont pas été suffisamment.»