«Le sel, c’est la vie», entend-on souvent. Mais il peut aussi devenir un ennemi implacable. En 1999, une grosse houle provoque une inondation marine dans la région du delta du Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest. L’eau salée provenant de la mer de Beaufort franchit plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des terres. Dix ans plus tard, des chercheurs canadiens lèvent le voile sur l’impact dévastateur de cette inondation
L’étude multidisciplinaire était menée par Michael Pisaric, géographe à l’Université Carleton et Joshua Thienpont, biologiste à l’Université Queen’s. Ils ont bénéficié de l’appui de collègues en écologie, et d’experts d’Affaires indiennes et du Nord Canada et de Ressources naturelles Canada, pour observer les conséquences de la grosse houle sous divers angles. Ils ont découvert un désastre écologique, sans équivalent dans la région, depuis au moins 1000 ans.
«Aujourd’hui encore, quand on survole la zone, on voit que la végétation est morte sur plusieurs centaines de kilomètres carrés», souligne Michael Pisaric.
De fait, plus de la moitié des aulnes que les chercheurs ont observés sont morts dans l’année suivant le débordement, et un autre tiers dans les cinq années subséquentes.
Le sel s’est incrusté dans les sols, où on le retrouve en grande concentration plus de dix ans après l’événement. Dans les lacs avoisinants, les espèces préférant l’eau salée se sont développées au détriment d’espèces d’eau douce.