Le débat sur l’interdiction du burkini par quelques municipalités françaises avait déjà pris un tournant décisif, avant que le Conseil d’État ne déclare ces mesures inconstitutionnelles, quand ont circulé les images révoltantes de policiers forçant une femme à se dévêtir sur une plage.
Comme quoi nos élus peuvent parfois adopter des lois au nom de grands principes (laïcité, modernité, égalité des sexes, sécurité), sans réfléchir à leur portée et leur application, qui en exposent l’injustice à la vue de tous (et qui, ici, stimulent le sentiment d’exclusion à la base de la radicalisation).
Et on a tout de suite vu que la pente liberticide est glissante: quelques politiciens français, ulcérés par le courant mondial de sympathie envers la femme humiliée par les policiers sur la plage, ont aggravé leur cas en suggérant d’interdire de diffuser des images de policiers appliquant la loi!
En jurisprudence canadienne, la loi ne devrait pas discréditer la justice. Dans un procès, cela peut constituer un motif d’acquittement. Les lois contre la drogue ou la prostitution, par exemple, n’ont jamais été respectées et sont considérées caduques, même par le gouvernement. Les appliquer soudainement à la lettre discréditerait tout le système.
À Toronto en 2009, un commerçant du quartier chinois est devenu un héros après avoir été accusé de séquestration… d’un voleur qu’il avait attrapé et retenu en attendant la police! Les policiers qui l’avaient arrêté et les procureurs qui ont attendu trop longtemps avant d’abandonner la poursuite contre lui se sont couverts de ridicule. La loi a été modifiée pour clarifier le droit des gens de se défendre.