Puerto Rico une île à découvrir avec plaisir

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Publié 27/11/2012 par Aurélie Resch

À mon arrivée à San Juan, j’observe tous ces joggers et bodybuilders s’activer au milieu de magasins chics, d’hôtels et de restaurants internationaux sur l’avenue Condado. Je me dis que c’est bien agréable d’être sur une île, mais que je pourrais tout aussi bien être sur Santa Monica Boulevard à Los Angeles ou en front de mer à Miami. Une perception qui va changer du tout au tout dès que j’irai m’enfoncer un peu plus loin dans l’île et que j’y découvrirai un peu de son âme.

Du centre de la terre au centre de l’univers

Je quitte San Juan pour m’enfoncer davantage dans la forêt. Direction, le Nord-Est. On dit que les Tainos, indigènes premiers peuples de Puerto Rico, s’y sont réfugiés pour échapper aux massacres perpétrés par les occidentaux.

Les Tainos connaissaient bien leur terre. Sous leurs pieds, un véritable labyrinthe secret que la rivière Camuy a creusé et érodé au fil des ans leur a permis de survivre. Un monde mystérieux et fascinant dans les entrailles de la terre, où ils se sont tapis et où ils ont perpétué des cérémonies et vengé leurs morts.

Aujourd’hui devenu un site protégé, ce haut lieu touristique permet aux visiteurs de voyager dans une enfilade ces grottes réputées pour être les plus importantes de l’hémisphère ouest et dont seulement 70% ont été mises à jour.

Curieuse de ce surprenant écosystème et des légendes qu’il y renferme, je m’aventure dans Clara Cave, l’une des plus connues du parc Camuy.

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J’y observe des arbres qui poussent «à l’envers», loin du ciel, sur les parois avant de plonger dans l’obscurité. Un sentier faiblement éclairé met alors en valeur les gigantesques stalactites et stalagmites qui forment d’étranges silhouettes, que je me plais à interpréter selon mon imagination.

Un spectacle imposant, d’une rare originalité qui active mon imagination et me plonge dans un univers d’un autre temps.

Grâce à un petit appareil muni d’écouteurs remis à l’entrée, je peux suivre et interpréter les marques du temps sur une roche vieille de plus d’un million d’années et comprendre l’importance nécessaire de la présence de hordes de chauves-souris pour l’écosystème de cette enfilade de grottes.

Après une petite demi-heure de marche, un trou dans la roche au-dessus de ma tête me permet d’apercevoir bien plus bas la rivière Camuy – l’une des rivières souterraines les plus spectaculaires au monde – continuer à faire son travail d’érosion.

Une plongée palpitante au centre de la terre qui donne envie d’aller voir encore plus bas. Qu’y voit-on? Que découvririons-nous? Mais des normes de sécurité et des mises en garde très strictes réglementent l’exploration de telles profondeurs. Ne s’aventure pas qui veut ni qui peut dans les ténèbres.

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Remontée à la lumière, encore habitée par ce monde de l’ombre, je me sens à présent avide de ciel, d’espace et de civilisation.

Des lieux uniques

C’est en ce sens je me dirige vers l’observatoire Arecibo qui détient le télescope radio satellite le plus grand du monde au nord de Puerto Rico. Un lieu devenu plus populaire encore depuis qu’un James Bond y a été tourné.

Souvenez-vous de la séquence finale de Goldeneye où l’agent secret finit par venir à bout de son ennemi… Entièrement tourné sur le télescope de l’Observatoire Arecibo. Une structure étonnante et gigantesque construite au-dessus d’une immense cavité naturelle me donne l’impression d’entrer dans un décor de science-fiction, loin des clichés de l’avenue de Condado à San Juan.

Il faut se représenter une antenne de 305 mètres de diamètre composée de 38 778 panneaux d’aluminium perforés, chacun mesurant environ 1 m sur 2 m, supportés par un maillage de câbles en acier.

Cette antenne sphérique permet au télescope d’intercepter les signaux réfléchis de multiples directions par la surface circulaire. Le récepteur est situé sur une plateforme de 900 tonnes suspendue à 150 m au-dessus de l’antenne par 18 câbles à partir de trois tours en béton armé, une de 110 m de hauteur et deux autres de 80 m de haut.

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À la fois massif et aérien ce télescope draine chaque année plusieurs centaines de chercheurs en radio astronomie, astronomie terrestre et communications par satellite. De nombreux étudiants viennent également mener à bien leur projet de master et de doctorat dans cet univers ultramoderne dédié à la science et à l’astronomie.

La localisation de Puerto Rico, près de l’équateur, est idéale pour permettre à Arecibo d’observer toutes les planètes du système solaire pendant environ la moitié de leur orbite. Une visite et une découverte des plus enrichissante et surprenante dans ce bout d’île verdoyant.

Puerto Rico, en plein air

Rassasiée d’histoire, je suis heureuse de prendre un peu le large sous un ciel instable. J’embarque sur une pirogue et, debout, je pagaie tranquillement sur les eaux troubles d’une rivière qui tourne le dos à la mer pour s’enfoncer entre les roseaux vers la jungle.

Plus de bruit. Plus de civilisation, à part ce pont dont je m’éloigne en silence. La végétation abondante gagne parfois du terrain sur l’eau et je dois manœuvrer pour éviter les branches sur mon chemin. Bientôt mon guide me rejoint et m’intime d’attacher ma planche à un arbre. Son espagnol me permet de dérouiller le mien. Il souhaite poursuivre à pied dans la jungle pour pouvoir me faire écouter la nature.

Et le vrai silence. Nous progressons au milieu de frangipaniers qui au printemps doivent éclabousser de carmin la forêt. Araignées, papillons, minuscules serpents, fourmis rouges nous céderont le passage jusqu’à l’entrée incongrue d’un tunnel.

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Ici, me signale mon guide, passait le train des Anglais qui sillonnait l’île pour la ravitailler en marchandises. Aujourd’hui complètement laissé à l’abandon ce tunnel n’en demeure pas moins un point historique intéressant de l’île et une véritable aventure pour le traverser. Le noir y est d’encre!

Le retour au monde moderne me laisse quelque peu nostalgique de cette échappée en pleine nature. Il va falloir que j’y remédie avant de m’en satisfaire encore.

De magnifiques plages

Chose faite dès la fin d’après-midi avec une randonnée équestre en pleine forêt et sur l’une des plus belles plages de ce côté de Puerto Rico (Aguadilla), «Survival Beach».

Ce nom a été donné à ce bout de sable en raison des nombreux émigrants de République dominicaine qui venaient s’y échouer. Grand moment que de trotter et de galoper sur le sable humide près des flots furieux qui viennent se briser sur les rochers un peu plus loin. Ici encore, les éléments naturels priment sur la civilisation et nous emportent dans leur univers bien particulier.

Une pluie diluvienne rend l’épopée fantastique et les éclairs qui zèbrent le ciel sonneront le glas de la cavalcade en pleine liberté. Un peu d’abri sous l’épais couvert de la forêt touffue où notre guide nous montrera l’éclat d’un obus, échoué ici par erreur, du temps de la guerre entre Cuba et les USA.

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Temps de rentrer se changer à la Villa Montana Beach Resort pour déguster un homard grillé en contemplant – à l’abri d’un toit de chaume – l’orage qui s’abat sur un océan gris et qui nous met en garde contre l’ouragan Sandy qui s’en vient balayer les Caraïbes avant de rejoindre les États-Unis.

Les yeux dans le vague, plongée dans mes pensées et mes souvenirs, Puerto Rico m’apparaît finalement bien envoûtante, avec un caractère unique qui recèle des trésors étonnants pour les amoureux de la nature et de la découverte.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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