Publicités du NPD contre les Conservateurs sur le registre des armes

à 18h22 HNE, le 28 novembre 2011.

OTTAWA – Oeil pour oeil, dent pour dent: le Nouveau Parti démocratique (NPD) a utilisé pour une rare fois une campagne de publicité négative, ciblant pour l’occasion les conservateurs de Stephen Harper et leur décision d’abolir le registre des armes de chasse.

Une arme semi-automatique noire d’aspect militaire se détache sur un fond «bleu conservateur» dans la nouvelle publicité du NPD qui sera apposée cette semaine sur des babillards géants dans trois villes canadiennes.

On pourra y lire: «Aucune restriction: un cadeau de Stephen Harper. Est-ce pour cela que vous avez voté conservateur?»

Quatre armes différentes seront illustrées sur les publicités, le NPD voulant démontrer que des armes de haut calibre — qui sont loin d’être de fusils de chasse récréative, note-t-il — pourront être vendues librement après l’abolition du registre, et à des gens qui n’ont peut-être même pas de permis de port d’armes valide.

Mais la publicité du NPD a manqué sa cible, ont affirmé lundi en Chambre les conservateurs, moqueurs.

Le NPD avait voulu illustrer le Ruger Mini-14 semi-automatique — l’arme utilisée par Marc Lépine lors de la tuerie de Polytechnique — pour expliquer qu’après l’abolition du registre des armes de chasse, il ne sera plus nécessaire de l’enregistrer. L’argument est valide, mais le NPD a gaffé en mettant l’image d’une autre version du fusil, qui demeure une arme restreinte, devant être enregistrée en tout temps, même après la destruction du registre.

Les conservateurs ont accusé le NPD d’induire les Canadiens en erreur.

«Le NDP ne comprend clairement pas le programme canadien des armes à feu, ou ses membres ne comprennent pas les classifications. L’arme à feu dans la publicité coulée aux médias en fin de semaine est clairement une arme restreinte», a commenté en Chambre la députée Candice Hoeppner.

L’erreur a été rapidement corrigée.

En après-midi lundi, la publicité sur le site du NPD avait déjà été retouchée et montrait plutôt l’image d’un autre fusil d’aspect militaire, le Steyr HS.50, qui peut «transpercer une cible blindée située à un kilomètre et demi», est-il indiqué.

C’est loin d’être un simple fusil de chasse récréative, ajoute le NPD.

La tactique des publicités négatives, hors des périodes électorales, a plus souvent été utilisée par les conservateurs que par les néo-démocrates.

Les députés du NPD interrogés par La Presse Canadienne se sont dits très à l’aise avec cette nouvelle campagne publicitaire, vu l’importance de l’enjeu. La méthode est plus musclée qu’à l’habitude, mais ils affirment répondre à Stephen Harper avec ses propres armes.

«C’est de même que M. Harper veut faire ses campagnes, des fois, il faut se battre avec les même outils», croit le député du NPD Yvon Godin.

Il ne croit d’ailleurs pas que les publicités vont choquer, même celle qui illustre l’arme de Marc Lépine — une fois la bonne version illustrée.

«C’est pas pire de voir un fusil sur une pancarte que de la voir dans les mains de quelqu’un. La pancarte ne tue personne», explique-t-il.

«Les policiers seront en danger et le public sera moins en sécurité en raison de l’abolition du registre. On ne va pas s’excuser pour la tactique, non», renchérit le néo-démocrate Pat Martin.

Les panneaux publicitaires seront vus par les résidants de Montréal et Québec et aussi de la grande région de Toronto, plus précisément à Etobicoke et North York, deux secteurs ontariens qui ont voté conservateur aux dernières élections.

L’idée est de montrer aux électeurs de la couronne de Toronto jusqu’où les conservateurs sont prêts à aller, a noté Chantal Vallerand, la directrice nationale du parti.

Au Québec, là où la population a élu la majorité des députés du parti, il s’agit d’informer les citoyens, affirme Mme Vallerand. Mais le geste apparaît aussi stratégique.

«On veut être la voix du Québec qui dit qu’il n’est pas en faveur de ce projet», précise-t-elle.

La directrice du NPD refuse d’admettre que son parti est dans l’embarras en raison de l’erreur graphique. «On est content d’avoir pu faire la mise à jour à temps», a-t-elle indiqué.

* * *

Le registre sera aboli

à 13h06 HNE, le 29 novembre 2011.

OTTAWA – Le registre des armes d’épaule en est à ses derniers jours.

Le projet de loi abolissant le registre et détruisant toutes ses données a passé l’étape du comité parlementaire et en est ressorti tel quel, sans aucun amendement.

Après avoir entendu en comité plusieurs témoins plaidant pour le maintien du registre, ou au moins de ses données, l’opposition a tenté, en vain, d’apporter quelques modifications à C-19.

La plupart des amendements réclamés par les néo-démocrates et les libéraux, dont ceux reprenant les demandes du gouvernement du Québec sur le maintien des données afin qu’elles soient transférées à la province, ont été jugées inadmissibles par le président du comité.

Les rares amendements jugés admissibles ont été rapidement battus par le vote de la majorité des conservateurs siégeant au comité.

Il ne reste que la troisième lecture à la Chambre des communes, un dernier débat où le scénario vu en comité devrait se répéter. Le projet de loi C-19 ira alors au Sénat avant de devenir loi.