«Stéphane Dion is not a leader.» Une phrase qui a déjà fait le tour du pays. En proposant une campagne de publicité négative à l’endroit du nouveau chef libéral, les conservateurs ont lancé la pièce en l’air. Pile ou face, ou plutôt quitte ou double, une tentative risquée qui se répand de plus en plus au Canada. Pourtant, les effets de la publicité négative sont encore bien mal maîtrisés et dénotent une situation de faiblesse de la part de ses instigateurs.
La campagne électorale n’est pas encore lancée que déjà, les premières escarmouches ont lieu. En finançant la production d’une série de six publicités négatives pour déstabiliser le clan Dion, les conservateurs ont adopté une stratégie agressive qui n’est pas sans rappeler les dérives électorales américaines.
Mais ce concept de dégradation de l’adversaire, né chez notre voisin du sud, n’est plus une pratique nouvelle au Canada. Pour autant, il est toujours aussi complexe d’en décrypter les impacts, tant les enjeux et les contextes diffèrent à chaque fois.
1993, effet pervers
Une campagne négative, c’est un couteau à double tranchant. Le Parti progressiste-conservateur en avait déjà exploré la face la plus sombre en 1993, alors que Kim Campbell, Première ministre sortante qui avait embrayé sur la lancée de Brian Mulroney, se trouvait en difficultés dans les sondages.
Une publicité mal ciblée avait provoqué une terrible descente aux enfers pour l’ensemble du parti. Au lieu de s’attaquer aux idées et au programme de son concurrent direct Jean Chrétien, la publicité présentait un visage déformé du leader libéral, se moquant ouvertement de sa paralysie faciale et de son défaut d’élocution. Une campagne très mal perçue qui avait plongé le parti dans l’une de ses pires périodes.