Promenade dans la Nécropole: à la rencontre du passé

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Publié 22/07/2008 par Khadija Chatar

Rien de plus macabre, mais ô combien intrigant, qu’une balade au cimetière. Sous les gravures funèbres indifférentes de la Nécropole, se cachent des personnalités au passé à la fois captivant, intimidant voire terrifiant.

C’est sous une pluie diluvienne, dans ce cimetière paysager situé sur la rue Westminster, à l’Est de Parliament, que quelques passionnés et curieux se sont réunis, dimanche 20 juillet, autour de Chantal Smieliauskas, de la Société d’histoire de Toronto et bénévole au Musée Royal de l’Ontario, pour aller à la découverte et à la rencontre de ces personnages historiques.

Tout d’abord, en pénétrant dans ce lieu funèbre, aucune allée n’est dessinée pour guider les pas des visiteurs. Bien au contraire, tout semble dispersé  intentionnellement pour donner cette impression d’harmonie avec la nature environnante.

Autre détail frappant, cette discrétion des signes confessionnels, une rareté qui ajoute du plaisir à l’oeil, lorsque l’on découvre au fil des pas une croix celtique ou une étoile de David enfouies dans ce champ de colonnes et de pierres tombales aux architectures d’antan.

C’est dans ce lieu, dernière demeure de ces acteurs d’une autre époque, que l’on retrouve Thornton Blackburn, cet homme noir qui, en 1840, mit en circulation les premiers taxis, «The City». Il s’agissait de simples carrioles de couleur jaune tirées par deux chevaux.

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Dans un détour, c’est la haute pierre en granite gris d’Edward Hanlan qui vous paralyse. Une petite anecdote de ce champion mondial d’aviron: «Il ramait des îles de Toronto jusqu’au marché St-Laurent à l’âge de 5 ans seulement, pour aller vendre le poisson de son père», rappelle Chantal Smieliauskas.

D’autres figures importantes, telles que Georges Brown, cet Écossais et père de la Confédération, reposent dans ce lieu paisible. Puissant, ce politicien est aussi le fondateur du journal Toronto Globe, ancêtre du quotidien The Globe and Mail.

La palme de la plus grande personnalité de ce cimetière revient certainement à William Lyon Mackenzie, à voir l’impressionnante croix celtique de sa tombe, on comprend très vite que l’on est face à un personnage important. Cet homme, d’origine écossaise, a été l’un des opposants les plus virulents du Family Compact – un cartel composé de familles bourgeoises anglicanes qui tiraient les ficelles du pouvoir.

«Ce réformiste, bon orateur mais caractériel, était souvent dépeint avec sa perruque allant dans tous les sens lorsqu’il s’emportait dans ses discours au Parlement d’où on l’écarta à cinq reprises pour diffamation», explique Chantal Smieliauskas.

Tout feu tout flamme, cet homme intelligent mais mal organisé, s’acharne et va même jusqu’à mettre sur pied une rébellion avortée contre le gouvernement du Haut-Canada en 1837. Il s’exile aux États-Unis pour un temps. Trois ans plus tard, il reçoit l’amnistie et revient à Toronto où il décède en 1861.

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La Nécropole est un cimetière singulier dont le plus saisissant est de découvrir la richesse qui entoure ce lieu considéré par certains de morbide et pourtant si chargé de récits de notre passé.

Le Musée royal de l’Ontario organise les «pROMenades» en français une fois par mois. La prochaine visite aura lieu au cimetière de Mount Pleasant, le 31 août prochain. Pour plus d’informations, visitez le site www.rom.on.ca

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