Profession: consultant scientifique hollywoodien

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Publié 03/03/2009 par Pascal Lapointe (Agence Science-Presse)

Vous aimeriez côtoyer les vedettes, contribuer à la production d’une série télévisée et mettre des mots dans la bouche des plus belles filles? Simple : devenez consultant scientifique!

Hélas, le métier n’existe pas encore en français. Mais ça ne saurait tarder: il a un tel historique à Hollywood qu’il a déjà réussi à alimenter le travail d’un chercheur britannique, David Kirby, de l’Université de Manchester — dont le livre doit paraître en 2009 — et a pu justifier un atelier spécial lors du récent congrès annuel de l’Association américaine pour l’avancement des sciences.

Il faut dire qu’on a nettement l’impression que la science occupe davantage de place à la télé américaine ces dernières années — l’effet CSI? —, mais en plus, même dans des productions qui n’ont rien de scientifique, se dégage un réel effort pour ne pas plaquer un jargon juste pour faire illusion.

«Aussi étonnant que cela semble: Hulk», donne en exemple David Kirby. «Son réalisateur était très soucieux de lui donner un arrière-plan (backstory) qui lui apporterait une vraisemblance scientifique.» Tout un contrat, pour un géant vert!

Mais attention aux grands sensibles : si vous tenez mordicus à garder le contrôle sur votre savoir, passez votre chemin. Vous ne serez un bon conseiller scientifique que si vous apprenez à vous adapter et à faire des compromis. Les gens de l’industrie «ne sont pas anti-scientifiques, au contraire. Mais leur jugement l’emportera toujours : est-ce intéressant? Avons-nous le budget? Le temps?»

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Propos corroborés par Tony Lordon, un des (nombreux) conseillers scientifiques auxquels a fait appel la série américaine Numb3rs (où un génie des mathématiques collabore aux enquêtes du FBI) et par le physicien de l’Université de Californie David Saltzberg, conseiller scientifique pour la série The Big Bang Theory — une comédie tournant autour de deux postdocs en physique, dont l’un voit ses horizons soudain élargis par l’arrivée d’une jeune et jolie voisine.

S’il y a des gens qui s’étonnent que des professeurs d’université se consacrent à des contrats aussi peu «sérieux», ce n’est certainement pas leur cas à eux: au contraire, disent-ils, cela fait partie du mandat de « service à la communauté » de tout prof d’université. Certains vont dans les écoles primaires, donnent des conférences ou sont juges pour les expo-sciences; eux contribuent à la qualité de produits culturels!

Et ça fait quoi, un physicien qui travaille pour The Big Bang Theory? Premier rôle: vérificateur de faits (fact checking), en relisant le scénario. «C’est le plus gros morceau du travail», explique David Saltzberg. Mais avant d’en arriver à cette étape:

— parler de temps en temps au téléphone avec les scénaristes, pour répondre à leurs questions; «mais ne vous faites pas d’idées: le gros de leur science est déjà correct, ils ont fait des recherches; ils sont intéressés, ça aide beaucoup!»

— faire des suggestions sur «la science à venir»;

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— leur envoyer des photos (ou les diriger vers des animations sur YouTube) qui montrent ce à quoi devrait ressembler la scène qu’ils ont en tête;

— assister aux enregistrements, au cas où il y aurait des changements de dernière minute;

De temps en temps, une partie de l’équipe de production visite l’université, les laboratoires ou les postdocs; et à ce sujet, en 2006, avant la production du tout premier épisode, les décorateurs avaient demandé à visiter l’appartement «typique» d’un postdoc, afin de s’en inspirer.

Ils s’en inspirèrent tellement bien que le résultat fut jugé… déprimant!

www.sciencepresse.qc.ca

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