Prix Écrans: bien plus qu’une cérémonie nombriliste!

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Publié 03/03/2015 par Zefred

La semaine dernière se tenaient la troisième édition des Prix Écrans canadiens, et la seconde Semaine des Prix Écrans, grande célébration du cinéma et de la télévision au pays, qui en ont bien besoin.

En effet, si nos séries TV se portent plutôt correctement, sont soutenues et regardées dans le pays et s’exportent bien, il n’en est pas de même pour le cinéma de création locale qui attire malheureusement toujours aussi peu de spectateurs.

Au milieu des événements de promotion, des tapis rouges et des interventions télévisées, c’est aussi, pour l’industrie du cinéma indigène, l’occasion de relancer la problématique polémique du «film Canadien = petit budget, sujets inintéressants ou films ennuyeux, sans stars etc.».

Cela témoigne d’un profond malaise des spectateurs dans la société canadienne qui, pourtant fière de ses différences avec nos voisins du sud, aspire cependant volontiers à la décérébration identitaire dès qu’il s’agit de divertissement.

«Out» les films indigènes racontant des histoires locales de personnes auxquelles l’identification et l’empathie est évidente, et «In» les blockbusters servant de l’action à grands coups de super héros aux valeurs bleu blanc rouge bien américaines.

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Le public canadien s’extasie aussi devant les films québécois, et on entend souvent que les films du terroir devraient s’en inspirer. N’oublions pas que nous n’avons ici en salle que les blockbusters et les succès financiers québécois, tout comme nous n’avons que les blockbusters et succès financiers américains, ou français, ou anglais.

Donc bien entendu, s’inspirer de bons films pour en faire nous-mêmes des meilleurs est une excellente chose, mais automatiquement conclure que tous les films étrangers sont meilleurs que ceux fabriqués ici, en se basant sur des critères fallacieux de distribution motivés par les finances, et le succès de ces films dans leur pays d’origine, semble mener à une impasse ou un cercle vicieux: si personne ne va voir les films produits localement sous le prétexte systématique qu’ils seront mauvais, avant même de les voir, un des facteurs de base de la fréquentation en salle ou même du visionnement à domicile, le bouche à oreille, est immédiatement nullifié.

Dans un pays où l’exploitation des cinémas est presque un monopole, il peut sembler difficile d’accéder à du contenu dont les retombées financières seront estimées quasi nulles dès la conception.

Mais voilà, la distribution en salle n’est plus le seul moyen de voir nos films. De nombreux systèmes de diffusion sont en place, comme pour les séries TV, qui permettent de visionner du cinéma canadien, et devraient être publicisés afin que les spectateurs puissent apprécier les histoires racontées par leurs concitoyens cinéastes et les soutenir plus efficacement en… les regardant!

Malheureusement, tant que les Canadiens ne s’intéresseront pas à leur propre production cinématographique ou télévisuelle, la situation aura très peu de chances d’évolution. C’est là que la semaine des Prix Écrans intervient!

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L’Académie canadienne du cinéma et de la télévision fait un travail de titan pour créer une visibilité au cinéma, à la télévision, et dorénavant au contenu numérique (séries Web) canadien, dont la Semaine des Prix Écrans est le climax annuel. Glamour, stars nationales et cinéastes moins connus, tout y est fait pour promouvoir l’amour des histoires canadiennes et tenter de créer ce «Star-System» canadien qui, apparemment, manque tant au public, puisque celui-ci se tourne vers les stars étrangères.

De nombreux événements de promotion ont donc eu lieu ici en ville, et en parallèle à Montréal, la semaine passée, afin de rendre hommage à ceux qui créent nos médias et racontent nos histoires, en français ou en anglais.

Outre Fanzone samedi, la grande fête des fans durant laquelle les spectateurs pouvaient rencontrer leurs stars préférées, les tapis rouges ont fleuri pour une soirée d’ouverture mémorable lundi soir au Ritz Carlton à Toronto.

Puis devant des galas pour les prix multiples décernés à tous les genres de séries TV. Ou pour les prix «techniques» du cinéma, la soirée de réseautage de l’Académie jeudi, et la soirée d’hommage aux actrice vendredi soir.

La Semaine s’est terminée par une apothéose de robes de gala et de Tuxedos dimanche soir au Centre Four Seasons pour les arts scéniques, où les nommés des catégories les plus prestigieuses ont défilé pour une soirée de remise des prix digne de sa grande soeur californienne.

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Sans surprise, Mommy, de Xavier Dolan, a raflé la plupart des prix pour lesquels il était nommé, à savoir meilleur film, meilleure image, meilleure réalisation, meilleur montage, meilleur maquillage, meilleur scénario, meilleur acteur (Antoine Olivier Pilon), actrice (Anne Dorval) et actrice de soutien (Suzanne Clément), laissant quand même quelques miettes au second grand gagnant de la soirée: Pompeï, meilleure direction artistique, meilleurs costumes, son d’ensemble, montage sonore, effets visuels et prix Écran d’or pour le plus gros résultat au box office canadien pour 2014.

Le réalisateur Jeffrey St-Jules a remporté le prix spécial Claude Jutra du meilleur premier film pour le très original Bang Bang Baby, et le prix du meilleur court-métrage dramatique est allé aux Torontois Laura Perlmutter et Andrew Nicholas McCann Smith pour leur excellent film #Hole.

Orphan Black, Call me Fitz, Bomb Girls, Vikings et The Amazing Race ont remporté les récompenses de prestige pour les séries TV, et les prix des meilleures performances ont été remis à Jonas Chernik (The Best Laid Plans), Jodi Balfour (Bomb Girls), Jared Keeso (19-2) et Tatiana Maslany (Orphan Black).

Retrouvez toute la liste des nommés et gagnants des Prix Écrans Canadiens sur acct.ca

Auteur

  • Zefred

    Cinéaste, musicien et journaliste à mes heures, je suis franco canadien torontois, épicurien notoire et toujours prêt pour de nouvelles aventures.

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