Présidentielles françaises: Bayrou pourrait surprendre

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Publié 20/02/2007 par Ève Pavesi

Si François Bayrou ne vous est pas familier, c’est que vous êtes sous l’effet d’une bipolarisation de la course à l’Élysée conduite par les médias que dénonce justement ce candidat centriste.

Ministre de l’Éducation de 1993 à 1997 et président du parti centriste l’Union pour la démocratie française (UDF) depuis 1998, François Bayrou a réussi à installer lentement mais sûrement sa candidature dans le paysage de l’élection présidentielle. Une affirmation qui a commencé par une coupure franche avec la droite, sa première famille politique, en votant la motion de censure contre le gouvernement Villepin en 2006 lors de l’affaire Clearstream et en refusant de voter le budget proposé par ce gouvernement à plusieurs reprises.

Aujourd’hui libre et indépendant de la tutelle UMP (Union pour un mouvement populaire), il entend mener une «Révolution civique» basée sur la création d’un gouvernement d’Union nationale capable de rassembler des personnalités de droite, de gauche et du centre, sur le modèle allemand.

Une utopie doublée d’une aberration pour ses détracteurs alors que selon un sondage BVA pour Orange publié le 14 février, plus de deux Français sur trois (71%) se disent favorables à un gouvernement d’Union nationale. Cette idée plébiscitée par 92% des sympathisants du candidat de l’UDF est également soutenue par 73% des sympathisants du Parti socialiste (PS) et 69% de ceux de l’UMP, toujours selon le même sondage.

Provincial obstiné, le président de l’UDF sait aussi se démarquer par sa manière de rencontrer les gens sur le terrain, opposée aux autres candidats qui font toute leur campagne à Paris. Il sillonne l’Hexagone pour écouter les habitants et acteurs locaux et prend note des réalités auxquelles ils sont confrontés. Une attention qui porte ses fruits, en témoigne son récent déplacement à Aix-en-Provence où les étudiants étaient trop nombreux pour le seul amphithéâtre prévu initialement à sa venue.

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Ou encore son déplacement en banlieue dans une cité à Nanterre pour rencontrer des membres de l’association Zy’va alors que le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, qui est quasiment absent des banlieues depuis les émeutes de novembre 2005, vient de reporter une nouvelle fois sa rencontre avec cette même organisation. Face au problème de ces banlieues que Nicolas Sarkozy veut régler à coups de «kärcher», François Bayrou se montre plus modéré et propose de réimplanter l’État au coeur de chacun de ces quartiers avec un sous-préfet qui y incarnerait la sécurité mais aussi l’aide du service public.

Autres propositions au programme, raviver la flamme européenne en rendant la Constitution plus lisible et en organisant un autre référendum, la prise en compte du vote blanc dans la détermination des suffrages exprimés lors d’élections ou encore libérer les heures supplémentaires pour que ceux qui veulent travailler plus soient libres de le faire sans charges supplémentaires.

Là où Sarkozy ou Royal inquiètent pour différentes raisons, Bayrou se veut humain, honnête et plus modeste dans ses promesses. Un moyen de ne pas alourdir la dette de la France, son cheval de bataille. Alors que Sarkozy et Royal annoncent respectivement des projets à 30 et 35 milliards d’euros, lui déclare qu’il ne sera pas dépensier. Une promesse à vérifier dans les prochains jours lors de la présentation officielle de son programme économique et social avec chaque proposition chiffrée.

Si les propositions de François Bayrou sont jugées très idéalistes par ses détracteurs, cer-taines n’échap-pent pas non plus à de vives critiques. Le candidat de l’UDF s’est plusieurs fois exprimé pour un passage nécessaire à une VIe République, ce qui engendrerait des réformes profondes que tous les Français ne sont pas prêts à vivre. Pour mener à bien sa stabilisation des dépenses de l’État et la réduction du déficit de la Sécurité sociale, il n’a pas d’autres solutions que de poursuivre la réforme des retraites et mettre en place celle des régimes spéciaux et celle de l’hôpital. Des réformes basées sur une mise à égalité qui est loin de ravir tout le monde.

En tant que chrétien pratiquant, il attache aussi beaucoup d’importance aux valeurs et à la famille. C’est dans cette optique qu’il refuse le mariage entre personnes du même sexe et l’adoption plénière (qui crée un lien de filiation) de couples homosexuels, s’attirant les foudres de la communauté gaie et lesbienne. Des foudres qu’il provoque aussi du côté du parti des Verts et de tous les écologistes lorsqu’il entend faire usage du nucléaire pour que la France puisse remplir ses engagements en matière de gaz à effets de serre.

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Crédité de 16% d’intentions de vote dans les récents sondages, le candidat de l’UDF a fait du chemin depuis sa première campagne en 2002 où il n’était qu’à 5%. Mais il devra se mettre plus de l’avant et imposer sa personnalité dans le sprint final pour espérer un 2e tour et faire plus que ses 6,84% de 4e homme derrière Lionel Jospin en 2002.

Qui sait, face à une overdose du duo Sarkozy-Royal et à des projets socialistes et UMP caricaturaux, les électeurs modérés pourraient trouver une alternative crédible dans la vision et le projet singuliers du candidat de l’UDF.

«L’effet Bayrou» réussira-t-il à se concrétiser? Premier élément de réponse le 22 avril pour le 1er tour.

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