Ce dimanche 23 avril, de leur lot improbable de 11 candidats présidentiels, les Français ont dégagé les deux plus contrastés: Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Dans deux semaines, le 7 mai, ils choisiront entre la candidate du Front national – nostalgique d’une «Europe des nations» avec ses monnaies et ses frontières, prônant un État protectionniste et dirigiste, obsédée par la sécurité intérieure et le contrôle de l’immigration – et le fondateur du nouveau mouvement En Marche! (les initiales de son nom) – résolument optimiste et progressiste, ouvert sur le monde et la mondialisation, tolérant des choix personnels et favorable à une plus grande marge de liberté économique.
Centriste et futuriste, multiculturaliste et pro-Europe, Macron est un peu «le Justin Trudeau des Français», tout en marketing mais aussi en originalité et détermination. Il affirme incarner le «renouveau» en rejetant les vieux clivages gauche-droite, périmés selon lui et, vraisemblablement, selon une bonne partie de la jeunesse française, pour qui pragmatisme n’est plus synonyme de compromission.
Populiste et catastrophiste, nationaliste et anti-Europe, Le Pen est «la Donald Trump des Français» (même si c’est plutôt Donald qui a imité Marine), fourrant la droite, le centre et la gauche dans le même sac. D’autres candidats étaient plus «extrêmes» qu’elle ou la rejoignaient sur divers enjeux. Elle se présente comme une rare «vraie alternance», celle par laquelle un changement d’élus amène aussi un changement des politiques du pays.
Les résultats de ce premier tour permettent d’anticiper une victoire finale d’Emmanuel Macron, qui reçoit déjà de nombreux appuis officiels de candidats et de personnalités de cette droite et de cette gauche dont il se prétend affranchi. Une victoire de Marine Le Pen n’est pas impossible, mais elle reposerait sur la démobilisation de la gauche socialo-communiste (qui s’abstiendrait) et sur la colère de la droite traditionnelle-traditionaliste (qui voterait FN).