Premières élections au Mali depuis le coup d’État et l’intervention militaire française

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Publié 29/07/2013 par Rukmini Callimachi (The Associated Press)

à 11h43 HAE, le 28 juillet 2013.

KIDAL, Mali – Peu de Maliens du Nord semblaient s’être déplacés, dimanche, pour participer à la première élection présidentielle tenue au pays depuis le coup d’État, l’occupation du nord du pays par des forces indépendantistes, et l’opération militaire subséquente dirigée par la France pour les en déloger.

Dans la ville de Kidal, aux pieds du désert du Sahara, seuls quelques résidants se sont présentés dimanche pour exprimer leur droit de vote. Ces électeurs font partie d’une minorité de gens vivant dans la vaste province, grande comme la France, qui reconnaissent le Mali comme autorité légitime. Et même ceux qui se sont présentés aux bureaux de vote pour tenter de rétablir les institutions parlementaires n’ont souvent pas pu glisser leur bulletin dans l’urne en raison de divers problèmes techniques grevant cette élection préparée à la hâte.

Le vote est censé représenter un nouveau départ pour un pays autrefois reconnu comme un exemple de démocratie en Afrique de l’Ouest. Des responsables craignent cependant que la légitimité de la présidentielle ne soit sapée par un faible taux de participation, les problèmes techniques retardant le vote, et le statut contesté de Kidal, où les rebelles conservent le contrôle de plusieurs bâtiments gouvernementaux. Ces écueils pourraient mener à une nouvelle rébellion, craignent certains observateurs.

Au cours de la nuit, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, l’un des groupes liés à al-Qaïda ayant saisi des zones du nord du Mali à la suite des séparatistes touaregs, ont dit prévoir d’attaquer des bureaux de vote, selon l’Agence d’information Nouakchott, un site web mauritanien utilisé par les jihadistes pour publier des messages.

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La rébellion touareg a provoqué une réaction en chaîne d’événements qui ont plongé le pays dans la ruine. Des soldats dans la lointaine capitale, mis en colère par la mauvaise gestion de la situation par le gouvernement, se sont mutinés et ont renversé le président démocratiquement élu Amadou Toumani Touré lors d’un coup d’État en mars 2012. Le pays n’a pas de leader légitime depuis, et l’élection de dimanche est sensé marquer le retour de la nation sous un pouvoir constitutionnel.

Un total de 6,8 millions de personnes se sont enregistrés sur les listes électorales, pour une population de près de 15 millions d’habitants. Les électeurs devront choisir entre 28 candidats, dont le politicien aguerri Ibrahim Boubacar Keita, connu selon ses initiales IBK, qui est à la fois un ex-premier ministre et un ex-président du Parlement. Parmi les autres candidats principaux, on retrouve Soumaila Cissé, un ancien ministre des Finances et le président actuel de l’Union monétaire d’Afrique de l’Ouest, ainsi que Dramane Dembelé, le candidat du plus important parti politique du pays.

Au sud, le taux de participation semblait beaucoup plus élevé, reflétant la division nord-sud qui grève le Mali depuis son indépendance, il y a 53 ans. À l’époque, les Touaregs avaient réclamé leur propre territoire, invoquant les différences linguistiques, culturels et raciaux avec les groupes noirs formant la majorité.

Les résultats sont attendus d’ici cinq jours.

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