Le verdict est tombé vendredi en fin d’après-midi: Jocelyn Beaudoin, chef de poste au Bureau du Québec à Toronto, est suspendu de ses fonctions avec solde. Cette suspension devrait vraisemblablement demeurer effective jusqu’à la fin de l’enquête du Directeur général des élections du Québec (DGE) sur les allégations de Normand Lester et Robin Philpot contenues dans leur ouvrage Les Secrets d’Option Canada. Même si M. Beaudoin se défend d’avoir contrevenu à la loi lors du dernier référendum au Québec, le ministre québécois Benoît Pelletier a préféré le démettre temporairement de ses fonctions pour «s’assurer que la confiance et le respect du public à l’égard des institutions démocratiques soient protégées».
Selon l’enquête menée par les journalistes Lester et Philpot et dévoi-lée en début de semaine dernière, Jocelyn Beaudoin serait au centre de la controverse entourant Option Canada. «Dans la boîte de documents comptables d’Option Canada, il ressort que Jocelyn Beaudoin était de tous les mauvais coups de la nébuleuse Option Canada», écrivent-ils dans leur livre.
Le délégué du Québec à Toronto aurait lui-même participé à la création de l’organisme en septembre 1995. Option Canada aurait dépensé illégalement 3,5 millions $ durant la dernière campagne référendaire pour soutenir le camp du «non». La somme aurait été obtenue du ministère du Patrimoine canadien sous forme de subventions pour la promotion de la dualité linguistique du Canada.
Selon la Loi sur la consultation populaire du Québec, les deux camps étaient autorisés à dépenser 5 millions $ durant la période référendaire allant du 1er au 30 octobre 1995; les montants injectés dans la campagne par Option Canada n’ont jamais été déclarés.
À l’époque du référendum, Jocelyn Beaudoin occupait le poste de président-directeur général du Conseil de l’unité canadienne (CUC). C’est à ce titre qu’il aurait participé à la création d’Option Canada, puis à sa gestion. «Le CUC avait une entente avec Option Canada qui lui donnait un droit de regard sur toutes les transactions, explique en entrevue Robin Philpot. Toutes les transactions d’Option Canada étaient supervisées, selon moi, par Jocelyn Beaudoin.»