Le 3 décembre 1967, dans un hôpital du Cap en Afrique du Sud, le professeur Christian Barnard tente une transplantation cardiaque. Pour la première fois au monde, une personne va vivre avec, dans sa poitrine, un autre cœur que le sien. Conséquence inattendue de cette intervention, la définition de la mort devient caduque. Légalement basée sur l’arrêt du cœur et de la circulation sanguine, elle définit désormais la cessation de toute fonction cérébrale.
À la fin des années soixante, lorsque l’on parle de l’Afrique du Sud, c’est souvent pour condamner un régime qui pratique l’apartheid et garde sous les verrous le prisonnier politique le plus célèbre de la planète, Nelson Mandela, qui totalisera 26 années de prison.
Or, en décembre 1967, un homme de 45 ans, un médecin blanc inconnu du grand public fait la Une de l’actualité mondiale. À l’Hôpital Groote Schur du Cap, en compagnie de son équipe, il réalise une prouesse chirurgicale sans précédent, un pas décisif qui fait entrer la chirurgie dans le troisième millénaire: la première transplantation cardiaque.
Le cœur d’une jeune femme de 25 ans, Denise Darvall, décédée accidentellement, est greffé sur un patient cardiaque de 53 ans, Louis Washkansky. L’organe est prélevé, battant, sur un cadavre en état de mort cérébrale mais maintenu artificiellement en vie. Le donneur reçoit une dose massive de radiations car Barnard veut écarter tous risques de rejet. Louis Washkansky vit dix huit jours avec son nouveau cœur avant d’être rattrapé par la mort et de succomber à une infection pulmonaire.
Le Dr Barnard prend rapidement goût à l’attention que lui portent les médias dans les suites de l’opération, ce qui contribue à en faire un personnage mondialement connu.