Pourquoi n’avons-nous toujours pas réussi à éliminer le SIDA?

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Publié 22/08/2006 par Dr Bhagirath Singh (University of Western Ontario)

Le 16e Congrès international sur le sida, qui vient de se terminer à Toronto, marque le 25e anniversaire des premiers cas de sida déclarés. Le VIH a depuis infecté plus de 65 millions de personnes dans le monde, dont 25 millions sont décédées. Cela fait du sida une des pires pandémies de l’histoire de l’humanité, affectant les hommes, les femmes et les enfants dans presque tous les pays du monde.

En 2005 seulement, près de 4,1 millions de personnes dans le monde ont été infectées par le VIH, et environ 2,8 millions de personnes vivant avec le VIH ou le sida en sont mortes. Plus de 90% de ces infections et de ces décès surviennent dans les pays en développement. Dans de nombreux pays d’Afrique, l’étendue de la pandémie de VIH/sida a créé une génération d’orphelins, a réduit l’espérance de vie à moins de 35 ans tout en déstabilisant la société civile.

Au Canada, le VIH a infecté environ 60 000 personnes et en a tué 13 000. Chaque année, 2 500 nouvelles infections au VIH sont déclarées et plus de 45 000 Canadiens vivent avec le VIH/sida, ce qui a une incidence importante sur leur espérance de vie et leur qualité de vie. Les Autochtones représentent plus de 20% des cas de VIH, alors que nous retrouvons le quart des cas de séropositivité chez les femmes, une augmentation par rapport aux années antérieures à 1996, alors qu’elles représentaient seulement 10% des cas.

Beaucoup de travail a été accompli pour que le VIH/sida puisse passer d’une sentence de mort presque certaine à une maladie chronique traitable avec la mise au point d’une nouvelle catégorie de médicaments antirétroviraux, en commençant par la thérapie 3TC, développée ici même au Canada.

Nous avons réalisé des progrès majeurs dans la compréhension du VIH et des facteurs de risque associés à l’infection au VIH ainsi que dans le développement de nouveaux médicaments et de nouvelles thérapies. Pourtant, l’élimination de cette maladie mortelle ne représente encore qu’un mince espoir, et non une réalité.

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Vingt-cinq ans après la découverte du sida, il est temps de se poser certaines questions difficiles. Pourquoi le monde demeure-t-il si vulnérable à cette épidémie? Et que doit-on faire pour inverser la situation?

Il est également temps de réaffirmer notre engagement à relever le défi posé par ce virus. Faisons une priorité de la recherche prometteuse et du développement de la prochaine génération de stratégies de prévention du VIH, par exemple les microbicides et les gels vaginaux que les femmes peuvent utiliser pour se protéger.

Poursuivons la recherche sur le développement de meilleurs médicaments qui sont également plus sûrs. Offrons aux personnes et aux collectivités l’information dont elles ont besoin pour se protéger.

Mettons aussi l’accent sur la mise au point d’un vaccin contre le VIH sûr et efficace pouvant surmonter la capacité du virus à muter et à trouver refuge dans le corps. La pandémie de VIH/sida nécessite un effort mondial concerté et soutenu pour éliminer la maladie. Seules la recherche et l’éducation conduiront à l’élaboration de stratégies de prévention, de médicaments et de vaccins qui sont nécessaires pour maîtriser ce fléau des temps modernes.

En 2004, le gouvernement du Canada s’est engagé à accélérer les efforts canadiens pour éradiquer le VIH/sida en doublant son investissement dans l’Initiative fédérale de lutte contre le VIH/sida au Canada pour le porter à 84 millions de dollars par année d’ici 2008. Le quart de ce financement sera consacré à la recherche entreprise par nos universités, nos hôpitaux et nos organisations communautaires, et les fonds seront administrés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

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Ce financement s’ajoute aux 8 millions de dollars par année déjà consacrés à la recherche sur le VIH/sida par les IRSC. Ces derniers financent un vaste éventail de projets, du réseau canadien des essais cliniques sur le VIH à Vancouver aux travaux du Dr Frank Plummer à Winnipeg.

Le Dr Plummer et ses collègues ont obtenu une subvention de Grand Challenges dans le cadre de l’initiative de santé mondiale financée par la Bill and Melinda Gates Foundation, en partenariat avec les IRSC et d’autres groupes. Le groupe du Dr Plummer a identifié des femmes qui semblent être naturellement résistantes au VIH malgré une exposition fréquente au virus. Cette recherche peut être un point tournant de l’identification et du développement de vaccins contre le VIH dans l’avenir.

La fondation Gates a quant à elle engagé 300 millions de dollars de plus pour poursuivre la recherche sur le VIH et combler les principales lacunes de la recherche décelées par la Global HIV Vaccine Enterprise.

Le Congrès international sur le sida de Toronto nous rappelle que malgré les centaines de millions de dollars investis dans la recherche sur le VIH/sida, des millions de personnes dans le monde meurent encore de cette maladie. Le congrès nous a aidé à faire le point sur la situation dans la lutte contre ce virus et à nous assurer que les efforts internationaux sont concertés et nous conduisent dans la bonne direction.

Les immenses progrès réalisés à ce jour sont le résultat des efforts de recherche mondiaux, en plus d’une solide sensibilisation du public. Ces efforts doivent se poursuivre si nous voulons prévenir la propagation du VIH et améliorer la vie de ceux et celles qui en sont affectés. La recherche et le partenariat sont la clé de la lutte contre le VIH/sida.

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