Pourquoi ils n’iront pas sur Mars pour le moment

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Publié 25/08/2009 par Pascal Lapointe (Agence Science-Presse)

«Nous n’abandonnons pas Mars», s’est senti obligé de dire le président du comité chargé de faire le ménage dans les options qui s’offrent à la NASA. Mais le fait qu’il sente le besoin de le dire, signifie que les Martiens vont attendre: à court et à moyen terme, une mission vers Mars est irréaliste.

À moins, bien sûr, que la NASA n’ait droit à une hausse spectaculaire de son budget, comparable à ce qui s’était produit dans les années 1960. Mais c’est là un scénario au moins aussi irréaliste que la mission vers Mars…

Au lieu de cela, a déclaré le comité la semaine dernière, lors d’une dernière audience publique qui semblait annoncer à l’avance les conclusions de son futur rapport, les Américains devraient mettre en branle une stratégie étapiste: des missions présentant des défis de plus en plus grands, en vue de se préparer, un jour incertain, à un séjour sur la planète rouge.

Ces déclarations prudentes contrastent avec l’atmosphère qu’avaient tenté de créer les plus optimistes le mois dernier, à l’occasion du 40e anniversaire du débarquement sur la Lune. Oubliez la Lune, allez directement vers Mars, avait notamment enjoint «Buzz» Aldrin, le deuxième homme à avoir mis le pied sur la Lune.

Idée d’emblée rejetée: «nous pensons qu’une mission directe vers Mars est une mission que nous ne sommes pas préparés à entreprendre, techniquement ou financièrement», a déclaré le président du comité, Norman Augustine, un ancien PDG de la multinationale Lockeed Martin, un partenaire privé de longue date de la NASA.

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Ce comité de 10 personnes a pour mission de remettre au président Obama, à la fin du mois, un rapport sur les priorités de la NASA. Parmi les interrogations: est-ce que survivra, intact, le projet de l’ex-président Bush, pour lequel les Américains ont dépensé 9 milliards depuis cinq ans, dans le but de préparer un véhicule susceptible de les ramener sur la Lune en 2020?

Un retour sur la Lune, c’est aussi le coeur d’un nouveau livre. Intitulé The Seventh Landing (Le Septième alunissage, puisque six ont eu lieu entre 1969 et 1972), il passe en revue les obstacles, et ils sont plus nombreux qu’on ne l’imagine, de la conception d’un engin Terre-Lune jusqu’à la création d’un véhicule d’alunissage plus polyvalent que jadis, en passant par les bâtiments d’une éventuelle base lunaire.

Or, le calendrier est de plus en plus serré:

– une fusée Arès, similaire aux fusées Apollo de jadis, transporterait le successeur des navettes spatiales, appelé Orion, à partir de 2013;

– quelques années plus tard, une version améliorée d’Arès enverrait en orbite l’engin Altair; celui-ci rejoindrait la station spatiale, où amarré ensuite à Orion, il transporterait les astronautes vers la Lune.

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Déjà, le New Scientist s’attend à ce que le comité invoque les contraintes budgétaires pour plutôt viser 2018 pour le premier vol d’une capsule Orion vers la station spatiale, et 2028 pour le premier voyage vers la Lune. Léger problème : dans certaines projections, la NASA prévoit cesser de maintenir en vie la station spatiale dès 2016!

Curieusement, dans tous ces scénarios invoqués depuis un mois, la perspective d’une collaboration internationale ne semble jamais émerger sur les écrans radars.

Le nouveau directeur de la NASA, Charles Bolden, l’a évoqué pour des satellites d’observation de la Terre, alors qu’il témoignait devant le Sénat; le directeur scientifique de la NASA, Edward Weiler, a évoqué une collaboration avec l’agence spatiale européenne pour un robot martien. Mais sans plus.

Détail inattendu: Defying Gravity, une série télé américaine lancée au début du mois, où la science-fiction sert de décor aux déboires sentimentaux typiques des téléséries américaines, met en scène une première mission habitée interplanétaire… et internationale. La fiction devance la réalité?

www.sciencepresse.qc.ca

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