Il passe rarement un jour sans qu’un commentateur s’indigne de la qualité du français écrit au Québec. Nous ne partageons pas ce point de vue. Quatre ans de recherches sur la langue française, qui nous ont menés dans une dizaine de pays, nous ont permis de découvrir que le français se porte bien, partout. Mais il change. Et c’est cela qui dérange.
De quoi parle-t-on au juste, quand il est question de qualité de français?
Les rares cas où des comparaisons documentées sont possibles tendent à prouver que l’on n’écrit pas vraiment plus mal qu’autrefois.
Par exemple, après avoir déterré des archives une dictée donnée à 3 000 élèves d’un beau quartier parisien entre 1873 et 1877, des linguistes français l’ont fait passer 100 ans plus tard dans le même quartier à 3 000 élèves appartenant au même groupe socio-économique.
Surprise: ils ont constaté très peu d’écart dans la maîtrise générale de l’écrit entre maintenant et «le bon vieux temps». Les linguistes québécois qui ont étudié de près cette question en se fondant sur des documents plutôt que leurs souvenirs arrivent habituellement aux mêmes conclusions.