Janvier 2001, ils étaient neuf expatriés en mission avec Médecins sans frontières (MSF) basés à Yenagoa, capitale de l’État de Bayelsa au sud du Nigéria, en bordure de l’océan Atlantique. Ils vivaient et travaillaient ensemble 24h sur 24, sept jours sur sept.
Deux infirmières d’Afrique du Sud et du Bénin, deux médecins de l’Allemagne et la Suisse, une épidémiologiste britannique, trois logisticiens, un Américain, deux Hollandais, et Nicole, l’administratrice québécoise. L’équipe avait pour mandat de contrôler et surveiller l’épidémie de la malaria qui frappait des milliers d’habitants survivant dans les communautés de rive les plus isolées les unes que les autres.
«Une dynamique de groupe plutôt difficile à gérer au quotidien, en plus de faire face à un climat socio-politique déficient», témoigne Nicole. Bien que Bayelsa soit l’un des réservoirs les plus importants de pétrole au Nigéria, la majorité des Bayelsans vivait – et vit toujours – dans la grande pauvreté.
Au début des années 2000, la population se livrait – et se livre toujours – à la pêche de subsistance en pirogue dans le delta du fleuve Niger. La plupart des villageois vivaient – et vivent encore – proches des cours d’eau et de criques dangereusement propices à la propagation rapide du paludisme.
«Une mission impossible!», avait clamé les amis de Nicole, le jour de son départ, incrédules envers la cause de leur copine et craignant pour sa sécurité dans un milieu déjà reconnu pour ses kidnappings lucratifs… Mais la profonde motivation de Nicole dépassait les craintes «exagérées», estimait-elle, de son entourage social.