Les missions de la Russie dans l’Arctique ne se limitent pas à envoyer des sous-marins et planter de petits drapeaux au Pôle Nord. Voilà maintenant plus d’un demi-siècle que des scientifiques embarquent, pendant plusieurs mois, sur des bancs de glace à la dérive, emportant avec eux les technologies les plus modernes.
Et cette année, pour la première fois, un «étranger» fait partie de la cohorte de près de 40 scientifiques qui prendront part à NP-35 (pour North Pole, 35e édition): un Allemand, Jürgen Graeser, de l’Institut Alfred-Wegener de recherches polaires et marines. Jusque-là, seuls des Russes et des citoyens de l’ancienne Union soviétique avaient fait partie de ces expéditions.
La mission de cette année doit normalement commencer le 29 août, et durer huit mois. Ce qui signifie que, pendant huit mois, 36 hommes et femmes vivront dans des bâtiments préfabriqués, installés sur une banquise à la dérive d’environ 2 kilomètres de large et 3 kilomètres d’épaisseur.
Leur principale préoccupation: non pas que la banquise fonde sous leurs pieds… mais qu’un ours polaire décide qu’ils feraient un bon déjeuner. Tous les participants ont suivi des cours de tir à la carabine.
«Il n’y aura ni navire, ni avion, ni route prévue à l’avance», a résumé le chercheur allemand dans les pages de la revue britannique Nature, qui salue cette première participation de l’histoire d’un «non-Russe» à ce voyage pour le moins insolite. «Nous ne saurons jamais ce que le prochain jour apportera… Travailler dans des stations arctiques était devenu, ces derniers temps, plutôt confortable… Pour moi, ceci représente le défi ultime.»