Plus de députés francophones à Queen’s Park?

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Publié 24/07/2007 par Mohamed Ghaleb

Le 10 octobre prochain, les Ontariens vont se rendre aux urnes pour renouveler les 103 députés de l’Assemblée législative. L’occasion de faire un petit arrêt sur image pour évaluer la représentation francophone actuelle ou à venir au sein des trois grands partis politiques de la province.

Sur les 103 députés présents à Queen’s Park, nous en avons compté 15 qui parlent français soit environ 15% du total des élus. Ce chiffre inclut donc non seulement ceux qui sont francophones ou bilingues voire les anglophones qui ont une connaissance suffisante et qui sont capables de s’exprimer correctement en français.

Les députés sont surtout élus dans les trois régions où la population francophone ontarienne est concentrée: l’est (la région d’Ottawa à Cornwall) le nord-est de l’Ontario (Sudbury, Timmins, Hearst) et enfin le centre (Toronto et sa grande couronne). Toutefois on note une certaine disparité géographique.

La grande région de Toronto se taille la part du lion avec sept députés, bien qu’en pourcentage les francophones représentent moins de 2%. Elle est suivie de près par l’est avec cinq députés et enfin la région du nord-ouest qui se contente d’un seul parlementaire francophone. Si cette répartition est d’abord géographiquement inégale elle l’est tout aussi au niveau des partis.

Des députés bilingues plutôt libéraux

Les adversaires politiques reprochent souvent au Parti libéral au pouvoir de prendre pour acquis le vote francophone. Pourtant, en regardant de plus près en termes de représentation francophone, les Libéraux sont en bonne place pour ne pas dire en tête du classement.

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Concrètement, huit députés libéraux sur les quinze bilingues ou francophones sortants s’expriment en français. Difficile question en effet que celle de définir avec précision qui est considéré bilingue ou anglophone parlant français malgré la tentative du porte-parole du Parti libéral d’apporter des éléments de réponse.

«MM. Dalton McGuinty, (le Premier ministre), Jean-Marc Lalonde et la ministre Madeleine Meilleur sont parfaitement bilingues. Cinq autres députés ont un bon niveau de français.»

En outre, plus de la moitié des députés bilingues de ce parti se sont fait élire dans une circonscription dans l’est de la province, reflétant ainsi la répartition géographique des électeurs francophones.

Par ailleurs, pour le scrutin du 10 octobre prochain, les Libéraux assurent que tous les députés francophones ou bilingues sortants se représenteront.

Pour l’instant, aucun parti n’a encore arrêté la liste définitive des candidats désignés pour les élections de l’automne prochain. Néanmoins, seul le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario est en mesure de communiquer les noms de ses candidats bilingues. On en dénombre cinq.

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Le défi du PC

Pour le moment, sur les 25 députés conservateurs qui siègent à Queen’s Park, seul deux d’entre eux se considèrent bilingues dont le chef du parti John Tory. Pour combler ce retard, le parti mise beaucoup dans les circonscriptions francophones. Sur les cinq candidats désignés bilingues trois sont recrutés dans la seule ville d’Ottawa.

Graham Fox fait partie de ces nouvelles recrues. De mère francophone et de père anglophone, ce jeune chercheur en politiques publiques sera candidat pour la première fois dans Ottawa-Orléans. Il affrontera le député Phil Mc Neely, un libéral anglophone.

«Depuis son arrivée à la tête du parti, notre chef s’est donné comme objectif d’avoir un parti représentatif de notre société, à l’image de la province. C’est une des raisons qui m’a d’ailleurs encouragé à me porter candidat», déclarait-il en entrevue depuis Ottawa.

M. Fox croit en ses chances de l’emporter et affirme que son comté est gagnable: «Ce comté a été remporté par les Conservateurs lors des dernières élections fédérales mais je ne prend rien pour acquis.»

Quoi qu’il en soit, les Conservateurs espèrent qu’avec ces élections, ils vont pouvoir compter plus de députés capables de s’exprimer en français.

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Le NPD: champion de la parité anglophone/francophone

Avec cinq députés francophones sortants sur dix, le NPD de l’Ontario est de loin le seul parti à pouvoir se targuer d’avoir atteint une représentation paritaire entre anglophones et bilingues. Ces députés ont remporté leur siège dans des endroits où la communauté francophone est bien implantée. Le NPD espère conserver tous ses sièges en octobre prochain voire faire des gains dans certaines circonscriptions notamment dans la grande région de Toronto.

Côté francophone, Mohamed Boudjenane, ancien conseiller politique dans le gouvernement de Bob Rae, a été désigné par le parti pour remporter un siège de plus à Toronto. L’ancien journaliste à TFO défendra les couleurs du NPD dans Etobicoke North en vue des prochaines élections provinciales. Il fera face au Libéral anglophone sortant, Shafiq Qaadri.

Aujourd’hui directeur exécutif de la Fédération canado-arabe (FCA), M. Boudjenane reconnaît que ce comté très multiculturel est loin d’être un bastion francophone «C’est sûr que ce n’est pas le vote francophone qui va faire la différence dans cette circonscription.» Optimiste, il indique que Etobicoke North est un comté baromètre qui a souvent changé de camp avant de poursuivre: «Être francophone est un avantage certain et c’est une voix de plus pour la communauté francophone à Queen’s Park.»

Pour autant, M. Boudjenane refuse qu’on lui colle une étiquette de candidat des Arabes, des Musulmans ou encore des francophones. Il se veut être avant tout un candidat qui défend les valeurs de son parti.

Parallèlement, tous les élus francophones ou bilingues de son parti seront candidats à leur propre succession. Seule, la députée provinciale et épouse du chef Howard Hampton, Shelley Martel, de Nickel Belt se retire de la politique après avoir passé vingt ans à Queen’s Park. Le bureau du NPD assure que son successeur serait aussi un candidat bilingue.

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Quoi qu’il en soit les prochaines élections provinciales s’annoncent serrées. Un sondage mené par Ipsos Reid et rendu publique le 3 juillet dernier place les Conservateurs provinciaux et le Parti libéral du Premier ministre Dalton McGuinty presque au coude à coude à quelques semaines du déclenchement des élections.

Selon ce sondage réalisé entre le 19 et 28 juin pour le CanWest News Service and Global Television, Libéraux et Conservateurs sont crédités respectivement de 39% et de 36% des intentions de vote alors que le NDP recueille pour sa part 17%. Tous les paris sont donc ouverts quant au nombre de futurs députés bilingues ou francophones qui seront présents dans chaque parti.

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