Au Canada comme ailleurs dans le monde, avoir des vaches et vivre de ses produits laitiers est quelque chose de tout à fait normal, voire même anodin, mais pour les occupés de la Palestine, posséder des vaches peut avoir des conséquences dramatiques. C’est ce que nous révèle le film The Wanted 18 présenté ce vendredi dans le cadre de la 8e édition du TPFF, le Toronto Palestinian Film Festival.
Les 18 Fugitives est l’une des histoires les plus insolites de la première Intifada (soulèvement en arabe) en 1987. À cette époque, la petite communauté de Beit Sahour en Cisjordanie, achète 18 vaches dans un kibboutz afin de s’approvisionner en produits laitiers, en viande et subvenir à ses besoins. Mais avoir sa propre source de financement et ne plus dépendre de la production laitière israélienne sera vite perçu comme une «menace à la sécurité» par Israël, qui lancera une véritable traque contre ces vaches.
Il y aura résistance de la part des habitants de Beit Sahour, mais une résistance pacifique méticuleusement organisée, menant à la désobéissance civile et au refus de payer des impôts à l’occupant…non sans conséquence. Mariant animation, interviews, documents d’archives, Les 18 Fugitives nous est conté avec beaucoup d’humour et de talent par l’illustrateur palestinien Amer Shomali, et le réalisateur montréalais Paul Cowan.
Rejoint chez lui, quelques jours avant son arrivée à Toronto, il confie à L’Express : «On a voulu restituer l’esprit de 1987, c’était le moment où sur le plan politique la naissance de l’État palestinien se profilait à l’horizon, cela a permis aux Palestiniens d’exprimer leur position, de dire non à l’occupant et affirmer leur autonomie.
Voulant contrer leur situation économique pitoyable, la communauté entière s’est alors mobilisée, s’est organisée et a créé un véritable mouvement de solidarité, l’espoir renaissait. Les vaches que les habitants de Beit Sahour ont achetées sont ainsi devenues le symbole de la résistance. On a donc créé quatre vaches en dessins animés, Rivka, Ruth, Lola et Goldie, pour apporter un peu d’humour et de ludisme à cette histoire politico-absurde.»