Plan de sauvetage des langues autochtones des TNO

De l’inuinnaqtun au tlicho, en passant par le dene zhatié et l'inuktitut
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Publié 25/06/2018 par Denis Lord

Le Plan d’action sur les langues autochtones des Territoires du Nord-Ouest 2018-2022 suscite enthousiasme et méfiance.

La commissaire aux langues officielles des Territoires du Nord-Ouest, Shannon Gullberg, s’est déclarée satisfaite du Plan d’action, qui, a-t-elle écrit au journal L’Aquilon, s’aligne avec certaines de ses recommandations, comme le respect des droits linguistiques prévus dans la Loi sur les langues officielles.

Shannon Gullberg

«C’est ce que je préconise depuis des années», ajoute-t-elle. «Il enjoint par ailleurs au gouvernement d’établir un plan d’action afin d’accroitre la visibilité des langues autochtones dans la fonction publique. Pour ce faire, il faut que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (TNO) établisse des lois et des politiques pour augmenter les services linguistiques. […] Encore une fois, il a été clairement dit que la législation est vague et inefficace.»

Mme Gullberg, dont le rapport 2016-2017 sur les langues officielles aux TNO déposé en février reste sans réponse de la part du gouvernement ténois, s’est dite curieuse de suivre l’évolution du Plan d’action. «L’optimisme affiché lors du dépôt du rapport à l’Assemblée législative est très encourageant , a-t-elle écrit à L’Aquilon le 1er juin 2018.

Consensus

La directrice du Secrétariat des langues autochtones Angela James assure qu’outre la commissaire Shannon Gullberg, le nouveau Conseil des langues autochtones, les gouvernements autochtones, les organismes d’enseignement et le Collège Aurora ont été consultés lors de la rédaction du Plan d’action pour les langues autochtones 2018-2022.

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Angela James

«Nous avons tenu compte de toutes les voix et les leaders autochtones nous appuient», dit-elle.

Le document présente 17 mesures, les 10 premières concernant la revitalisation des langues autochtones, les autres l’accès à ces langues dans les services du gouvernement ténois.

La plupart de ces actions sont déjà amorcées, affirme Mme James. «L’apprentissage des langues durant la petite enfance et les directives sur l’éducation adaptée à la langue et la culture sont à la dernière étape», donne-t-elle comme exemple.

Formation d’interprètes

Un plan triennal, dont le but est de soutenir les organisations et les communautés autochtones dans des initiatives d’apprentissage des langues, est aussi en gestation.

La formation d’interprètes reste encore à développer, prioritairement dans les domaines de la santé, de la justice et des services sociaux. Mais selon le service des communications du ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation (MECF), des interprètes et traducteurs agréés sont disponibles pour toutes les langues autochtones à travers les TNO.

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En outre, chaque ministère serait déjà doté d’un coordinateur des langues officielles autochtones, et ces coordinateurs tiendraient des rencontres trimestrielles pour discuter d’initiatives et de problématiques. Ils ne parlent aucune langue autochtone, mais travaillent de pair avec les coordonnateurs régionaux des langues autochtones.

Répartition

Le poids démographique des locuteurs autochtones aux TNO varie entre deux pôles, de l’inuinnaqtun (195 personnes) au tlicho (2235). Comment ce poids est-il pris en considération dans le partage du budget multiannuel de 21 millions $ annoncé par la ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation Caroline Cochrane?

Les gouvernements autochtones, répond Mme James, reçoivent un financement basé sur le nombre de langues autochtones et le nombre de communautés dans leur région, tout en tenant compte du nombre de locuteurs. «Par exemple, écrit-elle, les Premières Nations du Dehcho ont une langue — le dene zhatié — et 10 collectivités. Elles sont donc financées en fonction de leurs initiatives sur les langues autochtones.»

Gestion autochtone

Est-ce à dire que c’est le gouvernement tlicho qui s’occupe des initiatives pour la revitalisation de l’inuktitut, puisque, selon un document du gouvernement ténois émis en mai 2017, les locuteurs de cette langue vivent souvent à Yellowknife?

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Caroline Cochrane

Quoi qu’il en soit, la directrice du Secrétariat des langues autochtones souligne à plusieurs reprises que les gouvernements autochtones ont des responsabilités à assumer.

«Ce sont eux, écrit-elle, qui sont le mieux placés pour diriger et gérer leurs propres initiatives à travers des Plans régionaux […]»

Mme Cochrane a déclaré, lorsqu’elle a déposé le Plan à l’Assemblée législative le 25 mai, que 4,8 millions $ avaient été fournis aux gouvernements autochtones en 2017 pour concevoir et diffuser un enseignement en langues autochtones, incluant la petite enfance.

Usage à l’école

Un projet pilote intitulé Our languages est actuellement en place dans 19 écoles ténoises et devrait se retrouver dans toutes les écoles à partir de septembre prochain.

«Ça signifie que des étudiants de toutes les écoles entendront et utiliseront des langues autochtones durant leur routine scolaire et dans leurs interactions avec le personnel et les étudiants», a assuré Caroline Cochrane le 25 mai.

Stop en inuktituk

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