Plaines d’Abraham: la Victoire retrouvée

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Publié 10/03/2009 par Gérard Saint-Martin

L’annulation de la reconstitution des batailles des Plaines d’Abraham et de Sainte-Foy par la Commission des champs de bataille nationaux a incité certains à demander l’avis de l’historien militaire français qui a eu l’honneur d’analyser ces batailles.

Je ne puis bien entendu qu’approuver  cette sage décision et me réjouir que  l’on reconnaisse qu’il y a eu non pas une mais deux batailles des Plaines d’Abraham. Il semblait, en effet, à la lecture  des premières dépêches que la seule bataille dont la reconstitution était préparée  était celle de septembre 1759 correspondant à la victoire de Wolfe sur Montcalm.

Or, ainsi que le confirme la lecture des cartes tracées il y a  250 ans, il y a bien eu, à quelques mois d’intervalle, deux affrontements sur les Plaines d’Abraham. Outre celle citée ci-dessus, une seconde bataille a eu lieu sur le même théâtre d’opérations. Elle est désignée sous le nom de Sainte-Foy, comme la première pourrait être celle de l’Anse au Foulon, correspondant au point de regroupement initial des unités d’attaque. Elle a été remportée par Lévis, futur maréchal de France, sur Murray en avril 1760.

Le Devoir a publié, le 19 avril 2008, un article de Michel Lapierre au titre magnifique: «La victoire oubliée de Québec». Se référant à mon livre d’histoire militaire (1), qui analyse toute l’odyssée du Canada français, il a rappelé comment Lévis, tenant compte des difficultés de Montcalm, a préparé cette revanche. Il s’est appuyé sur les miliciens canadiens, intégrés aux troupes régulières, pour compenser le manque d’effectifs de celles-ci, faute de relève, par des unités nourries des pratiques amérindiennes particulièrement efficaces dans le combat de guérilla.

Malheureusement, ce n’est pas la Marine française qui a ensuite débouché sur le Saint-Laurent  mais la Royal Navy, situation qui obligea Lévis à se replier sur Montréal, confirmant la victoire britannique de 1759.

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Il ne faut pas réécrire l’Histoire mais il faut la respecter et il est vraisemblable que cette victoire trop souvent oubliée et rappelée par l’article de Michel Lapierre a constitué une sorte de détonateur incitant des Québécois à souligner avec vivacité  l’importance de leur victoire retrouvée.

Le Soleil rapporte, le 15 février 2009, que le président de la Commission des champs de bataille nationaux, André Juneau, considère «qu’on a mal évalué la sensibilité des gens». On ne peut qu’être de son avis. Par contre qu’il me soit permis de ne pas l’être s’il inclut la France au nombre «d’autres pays qui font des reconstitutions de batailles qui ont été perdues, comme par exemple Waterloo». En France nous célébrons Austerlitz. 

  (1) Québec 1759-1760 Les Plaines d’Abraham. Economica. 2007. 

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