L’annulation de la reconstitution des batailles des Plaines d’Abraham et de Sainte-Foy par la Commission des champs de bataille nationaux a incité certains à demander l’avis de l’historien militaire français qui a eu l’honneur d’analyser ces batailles.
Je ne puis bien entendu qu’approuver cette sage décision et me réjouir que l’on reconnaisse qu’il y a eu non pas une mais deux batailles des Plaines d’Abraham. Il semblait, en effet, à la lecture des premières dépêches que la seule bataille dont la reconstitution était préparée était celle de septembre 1759 correspondant à la victoire de Wolfe sur Montcalm.
Or, ainsi que le confirme la lecture des cartes tracées il y a 250 ans, il y a bien eu, à quelques mois d’intervalle, deux affrontements sur les Plaines d’Abraham. Outre celle citée ci-dessus, une seconde bataille a eu lieu sur le même théâtre d’opérations. Elle est désignée sous le nom de Sainte-Foy, comme la première pourrait être celle de l’Anse au Foulon, correspondant au point de regroupement initial des unités d’attaque. Elle a été remportée par Lévis, futur maréchal de France, sur Murray en avril 1760.
Le Devoir a publié, le 19 avril 2008, un article de Michel Lapierre au titre magnifique: «La victoire oubliée de Québec». Se référant à mon livre d’histoire militaire (1), qui analyse toute l’odyssée du Canada français, il a rappelé comment Lévis, tenant compte des difficultés de Montcalm, a préparé cette revanche. Il s’est appuyé sur les miliciens canadiens, intégrés aux troupes régulières, pour compenser le manque d’effectifs de celles-ci, faute de relève, par des unités nourries des pratiques amérindiennes particulièrement efficaces dans le combat de guérilla.
Malheureusement, ce n’est pas la Marine française qui a ensuite débouché sur le Saint-Laurent mais la Royal Navy, situation qui obligea Lévis à se replier sur Montréal, confirmant la victoire britannique de 1759.