Pierre Elliott Trudeau, l’énigmatique paradoxe

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Publié 19/04/2016 par Harriet Vince

«Nous étions intrigués par le personnage de Trudeau et par ses paradoxes», racontent Monique et Max Nemni lors de leur conférence sur Pierre Elliott Trudeau mercredi dernier à l’Alliance française de Toronto.

«On avait l’impression d’être entre deux Trudeau. Simple, gentil, brillant, qui ne voulait écraser personne… et celui qu’on lisait dans les journaux».

C’est dans l’optique d’écrire une bibliographie intellectuelle sur Pierre Elliott Trudeau que Monique et Max Nemni, des amis de ce dernier durant ses dix dernières années, ont écrit deux tomes bibliographiques intitulés Trudeau fils du Québec, père du Canada, grâce aux documents personnels auxquels ils ont eu accès à sa mort.

«Ce livre fut extrêmement dur à écrire sur la plan émotif et le plus fascinant parce que nous connaissions Trudeau», confient-ils.

À travers leurs livres, ils tentent de démystifier le paradoxe de Trudeau qui a subi une extraordinaire transformation intellectuelle après son départ du Québec dans les années 50.

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Pour eux, si Trudeau a laissé un héritage plutôt controversé au Canada, et plus particulièrement au Québec, cela pourrait s’expliquer par les diverses interprétations qui ont été faites sur lui et non par l’homme en lui-même.

«Au début de notre travail, nous avons réalisé que le Trudeau que nous connaissions était tout autre. Jeune, il était légèrement antisémite, nationaliste, théocratique, séparatiste et corporatiste», raconte Monique Nemni.

«Cette découverte nous a profondément chamboulés. Nous avons beaucoup hésité à écrire cette bibliographie, mais en tant qu’intellectuels, nous avions un devoir de vérité».

Le fruit de son époque, le jeune Trudeau, une fois arrivé à Harvard, a dû se déprogrammer et se reprogrammer, car ses idées ne marchaient pas aux États-Unis où les traces de la Seconde Guerre mondiale étaient omniprésentes autour de lui, contrairement au Québec.

«On le ressent en regardant ses notes à Harvard: en économie, il n’avait que des A, car il ne connaissait rien et, donc, devait apprendre. Par contre en science politique, il écrivait ce qu’il pensait, ses opinions, et n’a eu aucun A», précisent les deux écrivains québécois.

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Londres le change également lorsqu’il se rend compte des bienfaits de l’État-Providence. «C’est la caractéristique de Trudeau, il est ouvert à la recherche de la vérité», dit avec un sourire Max Nemni.

La conférence portait également sur les nombreux défis et enjeux auxquels se sont retrouvés confrontés les deux auteurs durant les phases de recherches et d’écriture.

«La quantité effroyable de papiers que Trudeau a gardée tout au long de sa vie fut un défi de taille. Il gardait même des tickets de métro, on avait l’impression d’être des archéologues», s’exclame Monique Nemni.

«Il y avait aussi la lecture des documents et l’effort d’objectivité qui furent complexes: nous ne pouvions faire confiance en personne, ni même à Trudeau qui racontait parfois des événements dans plusieurs versions différentes.»

Les deux auteurs n’ont voulu faire aucun commentaire concernant Justin Trudeau, en rappelant qu’ils étaient essentiellement «spécialistes du père».

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Pour compléter cette bibliographie, un troisième tome est prévu, mais aucune date de publication n’a été encore fixée.

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À lire aussi dans L’Express: 50 ans après le rêve de Pearson

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