On a beaucoup parlé ces derniers temps d’une sixième extinction. Ainsi, d’après l’Earth Policy Institute, la planète connaîtrait actuellement la sixième grande extinction de son histoire. L’Union internationale pour la conservation de la nature indique que près du quart des espèces de mammifères et une espèce d’oiseau sur huit seraient en danger d’extinction au cours des prochaines décennies.
Cette situation est-elle inévitable? Mais pourquoi parle-t-on d’une sixième extinction? Si la Terre existe depuis 4,55 milliards d’années (Mda), les débuts de la vie sur celle-ci remonteraient à quelque 3,7 Mda. Pendant près de 3 Mda, les bactéries ont occupé tout l’espace disponible. Le développement de la vie sur Terre se situe entre -600 et -520 Ma, selon les calculs des spécialistes. C’est à cette époque que la diversité biologique a littéralement explosé, à partir d’organismes marins complexes.
C’est également à partir de cette période que l’on compte les extinctions de masse «qui ont eut lieu à travers les temps géologiques et constituent un aspect des plus énigmatiques, mais combien passionnant, pour celui qui étudie l’évolution de la vie, de dire Pierre-André Bourque, professeur de géologie à l’Université Laval. On considère que la biodiversité actuelle représente tout au plus 1 % de toutes les espèces qui ont vécu dans le passé, ce qui signifie que 99 % des espèces se sont éteintes», et l’on fait habituellement référence à cinq grandes extinctions.
La première, il y a 445 Ma environ, a fait disparaître près des deux tiers des espèces marines, sans doute par des fluctuations du niveau des océans, causées par des glaciations et un réchauffement. La deuxième, il y a 380 Ma, a causé la disparition de 70 % des espèces, surtout marines, dont les poissons, peut-être, mais ce n’est qu’une hypothèse, du fait d’un refroidissement général et de la chute de plusieurs météorites. Il s’agirait d’une série d’extinctions étalées sur une période de deux à quatre millions d’années.
La troisième, il y a 256 Ma, est la plus grande crise: plus de la moitié des familles d’organismes marins disparaissent et les vertébrés terrestres sont décimés; on estime que près de 90 % des espèces marines et 75 % de la flore et de la faune terrestres ont alors disparu. «Les animaux et la végétation, sur terre comme dans les océans, ont péri durant la même période et apparemment des mêmes causes, à savoir des températures trop élevées et le manque d’oxygène», explique Peter Ward, paléontologue de l’université de l’État de Washington. Des éruptions volcaniques en seraient la cause.