Personnages héroïques et controversés reposent au cimetière St. James

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Publié 11/08/2015 par Laura Mendez

Peintres, architectes, politiciens ou encore soldats, le cimetière St. James, dans le quartier Cabbagetown, est la demeure de grands hommes et femmes de Toronto. Ouvert en 1844, il est l’un des plus vieux cimetières encore en activité.

Des pierres tombales, des saules pleureurs, des fleurs fanées… Jusque-là rien de surprenant. Mais que signifient tous ces obélisques? Déterminée à se démarquer des catholiques, autour du 19e siècle, l’Église anglicane évitait de placer des croix au sommet de leurs tombes, nous informe les guides Gilles Huot et Chantal Smieliauskas de la Société d’Histoire de Toronto, qui y organisait l’un de ses Historitours.

Pointés vers le ciel, les obélisques représenteraient l’infinie et le chemin vers les cieux. Les vierges Marie accompagnées d’un enfant révéleraient qu’un homme a laissé veuve et orphelin derrière lui. Les vierges seules gravées dans la pierre expliquent que le défunt n’avait pas d’enfant.

On trouve une pierre tombale tout à fait spéciale, faite de zinc, comme quelques autres construites pendant une courte période où c’était la mode. Sur celle-ci, une plaque était dévissable afin de modifier ou ajouter des inscriptions après la refonte. Apparemment, c’était aussi un moyen pour certains de cacher des trésors à l’intérieur et venir les récupérer discrètement…

Dans ce décor digne d’un parc où l’on viendrait lire un livre sur un banc, John White, la famille Warts, William Baldwin, la famille Jarvis ou encore Llenox reposent en paix. Autant de noms qui révèlent l’histoire de la ville de Toronto en quelques allées et gravures dans la pierre. On y trouve aussi l’un des premiers architectes néo-gothiques, William Thomas, l’artiste Paul Kane qui s’est arrêté dans l’Ouest américain pour capturer sur toile les Autochtones, puis les frères Grand et Toy.

L’ancien procureur général John White, qui y est enterré, a été tué lors d’un duel. À l’époque c’était toléré. John White avait une aventure secrète avec Mme Small, femme d’un autre personnage politique de la province du Haut-Canada. Après que John White ait lancé de médisantes rumeurs au sujet de sa femme, John Small défia John White en duel. Il a tiré le premier, John White tomba. Une procédure judiciaire plus expéditive qu’aujourd’hui.

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D’après nos guides, les Jarvis étaient «de mauvaises personnes qui n’ont pas fait grand-chose de bien dans leur vie» et n’agissaient que pour une cause: l’argent. On dit qu’ils étaient prêts à tout pour posséder davantage de terrain à Toronto. Les rues que l’on connaît aujourd’hui comme Jarvis et Carlton étaient à l’origine des parcelles de terre divisées et distribuées à quelques personnalités de Toronto.

On passe également près de la tombe de William Smith Durie, un soldat du bataillon canadien de l’armée britannique. Il est décrit comme un «noble et valeureux combattant» sur sa tombe.

Apparemment, il n’était pas si exceptionnel, mais sa mère était prête à tout pour son fils. Comme la plupart des soldats morts au combat, il a été enterré là où il est tombé. À de multiples reprises, sa mère s’est battue pour faire enterrer son fils à Toronto plutôt qu’au front. Sa requête est restée vaine jusqu’à ce qu’elle engage des hommes de main pour déterrer son fils et le transporter en bateau jusqu’à Toronto. Sa tombe est au cœur du cimetière St. James.

La visite de la Société d’Histoire était vivante et divertissante, malgré la solennité de l’endroit. Le choix des tombes visitées était toujours accompagné d’une anecdote, l’occasion d’en savoir plus sur les tendances architecturales, artistiques, religieuses et politiques des siècles derniers.

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