Péchés capitaux

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Publié 25/03/2008 par Pierre Léon

Elle est d’un vieux curé de campagne, bien désabusé: «La paroisse est la mère de tous les vices».

C’est évidemment la paraphrase plaisante de l’affirmation morale, tout droit venue du catéchisme: «La paresse est la mère de tous les vices». Or la paresse fait partie des sept péchés capitaux, en train de revenir à la mode, grâce au présent Pape.

Non pas qu’il les pratique trop souvent mais les papes sont fait pour méditer sur le bien et le mal et nous aider à mieux nous conduire dans la vie. Eux et de vieux ermites, comme l’Égyptien Évagre le Pontique (Mort en 399, nous dit l’Internet) ou le moine Thomas d’Aquin (au treizième siècle), ont beaucoup réfléchi sur les péchés les plus terribles, venus, affirment-ils, de nos passions.

L’Église catholique allait en dresser plus tard une liste, appelée Les sept péchés capitaux. Il y en avait d’autres, nommés véniels. Les premiers vous conduisaient tout droit en Enfer. Les autres, en Purgatoire. Sauf, évidemment après confession, absolution, pénitence.

Au cas où vous auriez oublié la liste de ces sept péchés, je vous la rappelle: la paresse, l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère, l’envie.

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Ces péchés ont été tellement populaires qu’on en a fait des nouvelles, des romans, des films, des séries télévisuelles et ça continue! La peinture n’a pas été en reste.

Mais, dans le monde moderne, ces bons vieux péchés ne sont plus ce qu’ils étaient. Et voilà que le Souverain Pontife en découvre de nouveaux! Dans une entrevue récente accordée au grand journal italien, L’Osservatore romano, le porte-parole de Sa Sainteté a déclaré qu’il fallait ajouter des péchés modernes. Il n’a pas dit ce qu’on ferait des anciens.

Mais je crois que certains, comme la gourmandise, n’ont jamais été pris très au sérieux si l’on en croit la littérature, en particulier celle d’un certain moine de Chinon. Toute l’œuvre de Rabelais est en effet un hymne à la «grande bouffe», comme on dirait aujourd’hui, et les agapes de la Confrérie Chinonaise des bons Entonneurs Rabelaisiens continuent d’entretenir la tradition, tout en célébrant le vin du pays.

La gourmandise n’est pas le seul péché capital qui n’a guère empêché personne de dormir. Quand on était au catéchisme, on avait toujours l’impression que, sauf la colère et un peu la paresse, dont on avait des exemples à l’école, le reste était du domaine de la littérature, comme l’avarice dans Molière ou Balzac.

Pourtant, l’Église prêchait surtout contre ce qu’on appelait la cupidité. Sûrement aussi contre la luxure, mais pas trop, ça aurait fait de la pub! Je dois dire que ce péché-là, on le découvrait beaucoup plus tard. Notre curé avait toujours évité le sujet. Il y en avait d’ailleurs un autre, le problème de la «Vierge Marie qui a conçu sans pécher». Ces questions le faisaient tousser et on ne les a jamais vraiment creusées à fond sur les bancs du catéchisme.

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Pour revenir aux péchés capitaux modernes, il faut ajouter maintenant les suivants qui marquent une étape importante, puisqu’ils ne visent plus tellement l’individu mais la société.

Ce sont: la violence, en particulier celle faite aux femmes; la corruption, dont les politiciens de tous pays nous donnent de si beaux exemples; le fanatisme et ses intolérances, illustrés par les Croisades chrétiennes et musulmanes, l’Inquisition, les sectes et religions fondamentalistes; et puis une série, encore plus contemporaine: la drogue, l’indifférence, le mensonge, la passivité, les manipulations génétiques, l’avortement, la contraception, le gaspillage, la pollution et le non respect de l’environnement.

On pourrait objecter que la drogue est nocive si elle conduit au crime. À dose légère est-elle plus condamnable que le tabac ou l’alcool? Le mensonge? Il y en a de bien des sortes. Quand il est convenu, comme en littérature, il fait parti d’un jeu innocent. La passivité devant le malheur du monde, oui.

Les manipulations génétiques posent bien des questions d’éthique mais le refus obstiné du Pape d’accepter l’avortement et surtout la contraception est une position catastrophique, en particulier pour les pays déjà surpeuplés.

Sa théorie est que le plaisir de l’amour ne peut pas se concevoir en dehors de la procréation! Allez vite vous confesser.

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Par contre, j’applaudis à la série finale concernant l’environnement. Un Pape écologique qui considère comme un péché mortel la destruction des arbres, ça a de la gueule. Il n’a pas dit si ceux qui en plantent, contre vents et marées, iront au Ciel, mais j’y compte bien.

Pour une fois, me voilà croyant!

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