Pauvreté, désoeuvrement, criminalité

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Publié 10/07/2007 par Gilles Archambault

Envahissant une soixantaine de logements du quartier Jane/Finch le mois dernier, près de 700 policiers ont arrêté 95 personnes, pour la plupart des jeunes noirs présumés membres d’une même bande criminelle, chez qui on a saisi des armes à feu et de la drogue.

Cette rafle faisait suite à la mort, très médiatisée, d’un jeune de 15 ans abattu sur le terrain de son école secondaire (peut-être accidentellement par un ami), et à une fusillade contre une voiture dans laquelle un jeune a été tué mais dont les deux compagnons, qui connaîtraient l’identité de leurs assaillants, refuseraient de collaborer avec la police.

Le conseil scolaire a demandé à un avocat d’examiner ce qui se passe dans son école C.W Jefferys, mais les médias, qui ont interviewé des enseignants, ont rapidement confirmé que des individus – parfois des anciens élèves – s’y livrent à divers commerces illégaux, embrigadent certains jeunes, intimident les autres et menacent le personnel.

La province a institué elle aussi une commission d’enquête sur ces fusillades, y affectant l’ancien juge en chef et ministre conservateur Roy McMurtry et l’ancien ministre libéral (noir) Alvin Curling.

Le chef de la police de Toronto, Bill Blair, a affirmé que l’assaut mené par ses agents contre les Crips de Driftwood (l’un des ces lugubres complexes de tours à logements subventionnés) était planifié depuis des mois, impliquait des forces de plusieurs autres juridictions, et ne constituait donc pas une «réponse» aux récents événements.

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C’est là une curieuse remarque: on était prêt à féliciter la police pour sa rapidité d’action et sa capacité de «répondre», justement, aux événements. Il est vrai qu’on ne prépare pas une telle opération en quelques jours. Cependant, le chef lui-même reconnaît que de 25 à 30 bandes armées sévissent à Toronto. On est donc en droit de demander quand ils se décideront à intervenir dans les autres secteurs connus pour les mêmes problèmes.

On sent bien qu’il aura fallu la mort d’une jeune femme innocente (blanche), un lendemain de Noël 2005 près du Centre Eaton, dans une fusillade entre deux groupes du nord-ouest de la ville, pour mobiliser nos institutions jusque là plutôt contemplatives quand des Noirs tiraient sur d’autres Noirs.

La criminalité, organisée ou ponctuelle, est un phénomène complexe qu’on ne peut pas éradiquer du jour au lendemain parce qu’on ne peut pas instantanément intéresser les jeunes aux études, trouver du travail valorisant à tout le monde ou convaincre les pères de ne pas abandonner leur famille.

Entre temps, on peut installer des caméras dans les écoles, tenter de ramener le respect de l’autorité en sévissant rapidement contre les petits délits et envoyer les plus délinquants dans des camps ou des écoles spéciales. On doit continuer de donner à la police les moyen de surveiller et d’infiltrer les bandes criminelles. Ce faisant, on peut se permettre d’abandonner toute réticence face au «profilage ethnique» et à la violation de la vie privée des criminels potentiels, qui ne pourront plus se cacher derrière l’étendard du multiculturalisme.

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