Pas de modernisation de la Loi sur les langues officielles sans le numérique

Glenn O’Farrell au symposium d'Ottawa sur le 50e anniversaire

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Glenn O'Farrell, PDG du Groupe Média TFO.
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Publié 08/06/2019 par Léa Giandomenico

La modernisation de la Loi sur les langues officielles du Canada doit tenir compte du numérique. C’est ce qu’est venu rappeler Glenn O’Farrell, le président du Groupe Média TFO, aux participants au symposium du 28 mai à Ottawa qui marquait le 50e anniversaire de l’adoption de la LLO.

Le gouvernement fédéral a enclenché ce printemps le processus de modernisation de la Loi sur les langues officielles, qui se poursuivra jusqu’en 2020, possiblement jusqu’en 2021. La Loi reconnaît l’égalité de statut et de droits du français et de l’anglais au sein des institutions fédérales, ainsi que le droit des Canadiens et Canadiennes à communiquer dans la langue de leur choix avec l’État et dans plusieurs domaines d’activités.

Depuis le début de son mandat à TFO (2010), Glenn O’Farrell se donne la mission de saisir les opportunités de la numérisation médiatique pour servir et promouvoir le français en Ontario et au pays. En effet, TFO, initialement une chaîne éducative ontarienne en français, couvre aussi la scène culturelle et les affaires publiques, en même temps qu’elle tend à augmenter la portée de son contenu éducatif au-delà de l’Ontario.

Glenn O’Farrell, président de TFO, lors de son discours au symposium d’Ottawa.

 

«Nous avons effectué un virage numérique pour pérenniser notre entreprise et lui donner davantage de pertinence»

 

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Glenn O’Farrell a rappelé le chemin parcouru par TFO, qui se décline aussi en plusieurs chaînes YouTube (700 millions de vues) et en applications pour téléphones et tablettes, en plus d’avoir et qui a développé son studio de réalité virtuelle: Le Luv.

«Il n’est désormais plus suffisant de diffuser des émissions télévisées éducatives conventionnelles. On doit trouver les jeunes là où ils se développent: sur Internet», explique le patron de TFO en entrevue à L’Express. Il ajoute que le virage numérique a été un succès, mais n’a pas été chose facile: «On apprend, on réapprend et on désapprend en permanence!»

Le monde numérique connaît des avancées constantes et rapides, les habitudes de consommation de médias évoluent, l’offre doit donc se diversifier.

Dans 29 pays

Glenn O’Farrell ne peut que constater la prédominance de la langue anglaise dans le contenu numérique. «On dénombre 300 millions de locuteurs francophones sur la planète, le français est la cinquième langue la plus parlée au monde, et malgré cela, en ligne, elle n’est utilisée qu’à 5%…»

Pour maintenir une pertinence en ligne, il est nécessaire de proposer davantage de contenu en français, tout en sachant que 56% des foyers canadiens disposent d’au minimum cinq appareils connectés à Internet.

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Jeunes générations connectées

De nos jours, les jeunes générations sont de grands utilisateurs des appareils numériques et autres plateformes en ligne. «Les jeunes forgent leurs identités en ligne. De fait, c’est de plus en plus en anglais qu’ils le font. Il est évident que la réalité numérique n’est pas favorable au français», se désole Glenn O’Farrell.

Il rappelle également que les algorithmes et équations qui régissent notre quotidien sont pour la plupart pensés en anglais. «Ces biais culturels sont riches, je n’ai rien contre, mais on va perdre du français si cela continue. On doit donc prendre des initiatives, trouver de nouveaux moyens».

Des études sur la LLO dans son état actuel ont déjà été réalisées à propos de l’impact du numérique. Mais, selon lui, de réelles mesures n’ont jamais été prises.

«On doit se doter de nouvelles mesures customisées pour le monde numérique»

 

Glenn O’Farrell plaide pour de nouvelles mesures dans le contexte de la modernisation de la Loi: davantage de contenus (en français) forgeurs d’identités, supportés par des ressources financières supplémentaires afin de permettre une meilleure accessibilité.

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«On ne peut pas obliger à consommer dans une langue ou dans une autre, mais on peut au moins augmenter l’offre en français, afin que les consommateurs aient le choix», explique-t-

Pour ce faire, TFO désire notamment s’allier davantage avec l’UNESCO et l’Organisation internationale de la francophonie. Il ajoute que le gouvernement fédéral doit créer de nouveaux instruments favorisant l’innovation et la création constantes.

Glenn O’Farrell s’est exprimé sur sa vision du numérique et du français lors du symposium sur les langues officielles.

Exporter le contenu

Pour toucher encore plus de personnes dans un monde où il est difficile de rivaliser avec l’anglais, Glenn O’Farrell plaide pour une plus grande qualité de contenus… ainsi qu’une prise de risque. «Il est nécessaire d’aller au-delà de nos platebandes traditionnelles. Nous avons beaucoup misé sur l’Ontario auparavant, on doit maintenant aller plus loin et commercialiser nos produits partout dans le monde.»

Après les autres provinces canadiennes, la Louisiane et la France, c’est récemment la Chine qui a acheté des séries de TFO. Depuis deux mois, elles ont déjà généré plus de huit millions de visionnements. Idello, la principale plateforme éducative de TFO, génère également des achats d’abonnements en dehors de l’Ontario.

Charte numérique

Au symposium d’Ottawa, Glenn O’Farrell évoquait également l’idée d’une charte numérique instituée par le gouvernement fédéral. Bien que ce projet soit encore au rang d’aspiration, il espère que le gouvernement l’actera rapidement.

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«Cette initiative doit prendre forme de façon urgente, le gouvernement doit prendre des mesures concrètes». De telles mesures prennent du temps à être appliquées.,«Si l’on attend trop, la technologie va continuer ses avancées, et on pourrait craindre pour l’identité francophone de nos jeunes générations. C’est un réel défi pour le gouvernement», conclue t-il.

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