Pas de contestation du leadership de Pauline Marois au congrès du PQ

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Publié 24/01/2012 par Jocelyne Richer et Philippe Teisceira-Lessard (PC)

à 18h26 HNE, le 28 janvier 2012.

MONTRÉAL – Les militants péquistes sont rentrés dans le rang, renonçant à contester le leadership de Pauline Marois, ce week-end, à l’occasion du conseil national de leur parti.

Les mécontents auraient pu présenter une proposition d’urgence remettant en question son type de leadership ou réclamant un nouveau vote de confiance, mais aucune des 13 propositions déposées à la dernière minute par les différentes associations du parti ne portait sur ce sujet.

Désormais, Mme Marois devrait donc avoir les coudées franches pour diriger son parti sans crainte de voir son poste contesté à tout moment.

En ateliers, les péquistes se sont plutôt appliqués toute la journée, samedi, à revoir le programme du parti, de manière à donner davantage de pouvoirs aux citoyens. On souhaite ainsi regagner leur confiance.

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Ils voteront dimanche en plénière sur ces questions, mais ont déjà donné un premier feu vert en ateliers à plusieurs réformes samedi. Parmi celles-ci: accorder le droit de vote à 16 ans, permettre les référendums d’initiative populaire, encadrer les cas de députés transfuges et créer une chambre des régions, sorte de Sénat qui viendrait faire contrepoids aux pouvoirs de l’Assemblée nationale.

La question des référendums d’initiative populaire a été poussée par le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville. Dans son esprit, si 15 pour cent des électeurs inscrits (ou environ 850 000 personnes) signaient un registre pour la tenue d’un référendum sur une question donnée _ incluant la souveraineté du Québec _ le gouvernement en place devrait procéder.

La proposition consistant à abaisser l’âge légal requis pour voter a fait l’objet d’un long débat. Le député de Verchères, Stéphane Bergeron, a ouvert les discussions en livrant une plaidoirie pour défendre l’idée.

«À 16 ans, on considère dans notre société qu’un jeune est assez mature pour lui confier un véhicule automobile. À 16 ans, on considère qu’un jeune est suffisamment mature pour entrer sur le marché du travail et payer éventuellement des impôts», a-t-il affirmé.

Son plaidoyer a été attaqué par quelques jeunes militants, dont une déléguée de 16 ans. Catherine Mondor, de la circonscription de Berthier, estimait que ses semblables ne sont «pas prêts» à déposer un bulletin de vote dans une urne.

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Encore marqués par la défection de François Rebello au profit de la CAQ de François Legault, les délégués péquistes ont approuvé une proposition visant à sévir contre les transfuges politiques. Portée par les députés Yves-François Blanchet et Stéphane Bergeron, elle vise à interdire aux élus de changer de bannière sans passer par une élection complémentaire.

«Le siège sur lequel on s’assoit ne nous appartient pas, a fait valoir M. Blanchet. Si on s’en va avec, c’est un vol.»

Les députés pourraient cependant conserver leur siège s’ils quittent leur caucus pour devenir indépendants.

Alors qu’un nouveau sondage indique une faible remontée de l’appui au Parti québécois, les élus péquistes sont convaincus d’avoir réussi à inverser la tendance, et sont désormais confiants de pouvoir remporter les prochaines élections générales.

Réunis en caucus samedi matin, les élus péquistes étaient soulagés de voir que leurs querelles internes des dernières semaines n’avaient pas trop nui à leur popularité, selon ce qu’indique le plus récent sondage Léger Marketing-Le Devoir publié le jour même.

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Le député de Drummond, Yves-François Blanchet, s’est dit persuadé que le PQ était aux portes du pouvoir.

«Mon impression nette, c’est qu’on va former le prochain gouvernement. Et j’ai même un espoir important qu’il soit majoritaire», a-t-il prédit.

L’enquête menée du 23 au 25 janvier, dans les jours suivant la décision de Gilles Duceppe de renoncer au leadership péquiste, semble annoncer une lutte à trois lors du prochain scrutin entre le Parti québécois, le Parti libéral du Québec (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ).

Ainsi, le PQ obtient 25 pour cent de la faveur électorale, soit le même score qu’il y a deux semaines, avant les turbulences provoquées par la possibilité d’un retour de Gilles Duceppe en politique.

Le député d’Abitibi-Ouest, François Gendron, a estimé que le climat de confiance entre son parti et la population commençait à se rétablir, notamment grâce à l’image d’intégrité de sa chef.

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Avec «près du tiers (d’appui chez les francophones), tout est possible» désormais pour le PQ, selon lui.

Élément surprise du conseil national, la citoyenne de la Mauricie qui avait volé la vedette lors du débat des chefs de la dernière élection fédérale, Muguette Paillé, est venue donner son appui à Pauline Marois.

Mme Paillé, qui était en chômage à l’époque du débat, avait demandé aux chefs ce qu’ils allaient faire pour créer des emplois.

«C’est une femme comme ça que je cherche comme première ministre», a dit Mme Paillé à propos de Mme Marois. Elle est toujours sans emploi, après avoir obtenu un contrat de quelques mois.

«Lâchez-la quelqu’un!», a-t-elle ajouté en point de presse, souhaitant que cessent les querelles internes autour du leadership de la chef.

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Mme Paillé, qui habite la circonscription de Maskinongé, a dit qu’il n’était «pas exclu» qu’elle soit candidate du PQ aux prochaines élections.

Mais il reste que c’est toujours la Coalition avenir Québec de François Legault qui domine dans le coeur de l’électorat, selon le dernier sondage Léger Marketing, avec 32 pour cent d’appuis, suivie par le Parti libéral, à 26 pour cent. La CAQ avait atteint un sommet de popularité, ces derniers mois, avec 39 pour cent d’appuis.

«Tout cet opportunisme n’aura servi à rien», a commenté le député de Richelieu, Sylvain Simard, à propos de la chute de la CAQ.

Les péquistes doivent serrer les rangs derrière leur chef, a plaidé la députée de Champlain, Noëlla Champagne: «Si dans la tempête, on ne reconnaît pas les forts, je pense qu’on a un problème», a-t-elle dit à propos du leadership de Mme Marois.

Le sondage a été réalisé en ligne auprès de 1001 personnes. La marge d’erreur est de 3,1 points, dans 19 cas sur 20.

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Le dernier sondage CROP, une semaine plus tôt, ne donnait que 21 pour cent d’appuis au PQ, déjà en hausse de trois points par rapport à un autre coup de sonde fait un mois plus tôt.

Bernard Landry: on ne peut pas agir en État souverain sans l’être

Par ailleurs, l’ancien premier ministre Bernard Landry a assuré mardi ne pas avoir voulu miner l’autorité de Pauline Marois en prodiguant ses conseils aux militants dans une lettre publiée dans les journaux.

La sortie épistolaire de M. Landry, survenue quelques jours après une nouvelle contestation du leadership de Mme Marois et le recul inattendu de Gilles Duceppe, a reçu un accueil plutôt froid au Parti québécois.

Dans sa lettre intitulée «Le désarroi des souverainistes est facile à comprendre», M. Landry impute les déboires du PQ _ troisième dans les sondages sur les intentions de vote _ à la «gouvernance souverainiste» que propose Mme Marois.

Basée sur la revendication de pouvoirs à la pièce, cette doctrine «envoie le message que si l’on peut agir en État souverain sans l’être, la souveraineté n’est donc pas indispensable», écrit-il.

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«On ne peut pas faire comme si on était souverain quand on est une simple province, ni agir comme si on était aux Nations unies quand on siège tout bêtement au Conseil de la fédération», ajoute l’ancien leader péquiste.

M. Landry souhaite que le PQ renoue avec l’esprit du programme adopté en 2005 en mettant le pied sur l’accélérateur pour réaliser «l’indépendance nationale».

Quant à Mme Marois, l’ex-leader du Parti québécois n’en souffle pas mot dans sa lettre mais y va d’allusions à peine voilées.

«Les personnes qui dirigent le PQ, soulève-t-il, ont un devoir crucial et impérieux: mettre l’intérêt national avant toute forme d’ambitions personnelles.»

Joint par La Presse Canadienne mardi, M. Landry s’est défendu d’avoir voulu, dans sa lettre, remettre en cause le leadership de Mme Marois.

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«Cela fait des mois que je dis que je ne veux pas personnaliser le débat et je ne l’ai pas fait. Mais j’ai critiqué délicatement à quelques reprises la gouvernance souverainiste et c’est de cela dont je parle. Je suis sur le fond des choses et non sur les personnes», a insisté M. Landry.

L’ex-premier ministre avait déjà rédigé sa lettre lorsque Gilles Duceppe a pris tout le monde par surprise dimanche en annonçant sa décision d’exclure un retour en politique.

Attaqué à propos de sa gestion des fonds de la Chambre des communes, l’ancien chef du Bloc a préféré rentrer dans ses terres pour préparer la riposte.

M. Landry s’est dit convaincu que M. Duceppe n’a rien à se reprocher et qu’il a été victime d’un coup fourré.

Ceux qui croient que M. Duceppe était en train d’orchestrer un putsch contre Mme Marois sont aussi dans l’erreur, selon M. Landry.

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«Il a eu un comportement impeccable. Il y a des gens qui voulaient qu’il se lance, d’autres qui ne voulaient pas», a-t-il dit.

Dans ce débat, l’ex-député de Verchères a refusé de révéler son camp.

«Moi, j’étais totalement neutre. D’ailleurs j’ai écrit mon texte avant les événements», a-t-il dit.

Réagissant à la sortie de M. Landry au nom des troupes péquistes, le député Sylvain Gaudreault a invité l’ancien chef à tourner la page sur le passé et à accepter les décisions des instances.

Le député de Jonquière a semblé vouloir minimiser l’importance du message livré par l’ancien premier ministre, y voyant tout au plus «une contribution» au débat sur la souveraineté.

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«C’est une contribution au débat, mais moi je pense que la gouvernance souverainiste est la bonne façon de faire les choses. C’est d’ailleurs la stratégie adoptée par une très grande majorité des militants. J’invite M. Landry à respecter le choix des militants», a dit M. Gaudreault.

Il a aussi rappelé que Mme Marois avait obtenu un «mandat très fort» de la part des militants au congrès du printemps dernier.

Aux yeux du député, les événements des derniers mois ont amplement démontré que Pauline Marois plaçait l’intérêt national bien au devant de ses ambitions personnelles dans sa liste des priorités.

Du reste, M. Gaudreault soupçonne M. Landry de ne pas s’être pardonné d’avoir démissionné avec fracas en 2005, à la suite d’un vote de confiance décevant.

«Il a pris sa décision en 2005, on est rendu en 2012, il faudrait qu’il en revienne. (…) On ne peut pas revenir en 2005 ou en 2004. Ce qu’il avait choisi dans ces années-là n’a pas été davantage retenu: il a perdu l’élection en 2003, il a eu un appui de 76 pour cent au congrès de 2005, il a choisi de démissionner. Après sept ans, il faut qu’il assume», a-t-il évoqué.

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De son côté, le chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, a accueilli favorablement les propos de M. Landry, partageant l’avis de l’ancien premier ministre sur l’importance de mettre l’accent sur l’indépendance.

«Le Parti québécois, dans son ADN, dans sa raison d’être, c’est de faire la promotion de la souveraineté, a-t-il dit lors d’une entrevue. Donc, il faut que le message redevienne plus clair.»

M. Aussant a jugé que le ton de la lettre de M. Landry est très serein et sans attaques personnelles envers Mme Marois.

«Je pense qu’il critique plus son message qu’elle-même, a-t-il dit. Ce n’est pas impossible pour quelqu’un de changer de façon de livrer un message.»

Selon lui, le message actuel du PQ est confus en cantonnant la souveraineté à une simple hypothèse.

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«Si un jour Jean Charest, en campagne électorale, disait: élisez-nous et on verra ensuite si le moment est opportun de rester fédéraliste après les élections, il ferait rire de lui», a-t-il illustré.

M. Aussant a répété que le programme d’Option nationale prévoit une collaboration et même une fusion avec tout parti qui mettrait la priorité sur la souveraineté.

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