Pas d’autres solutions que l’isolement pour la jeune Ashley Smith?

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Publié 26/03/2013 par Colin Perkel (La Presse Canadienne)

à 20h20 HAE, le 26 mars 2013.

TORONTO – L’isolement prolongé de la jeune Ashley Smith, qui s’est donnée la mort en s’étouffant dans sa cellule, aura été préjudiciable à l’adolescente, mais son agent de libération conditionnelle a déclaré qu’il n’aurait pas su quoi faire d’autre pour la détenue.

Rob Harris, qui a témoigné, mardi, devant la commission chargée d’enquêter sur la mort de la jeune fille, a indiqué qu’Ashley Smith avait été placée en isolement dès son arrivée à une prison pour adultes en octobre 2006. Elle venait alors d’être transférée d’un centre de placement pour jeunes.

Ashley Smith, qui était âgée de 18 ans à l’époque, avait déjà passé trois ans en isolement, mais M. Harris a soutenu qu’à son arrivée au pénitencier, elle représentait toujours un risque pour elle-même et pour les autres détenues. Il a poursuivi en ajoutant que son métier était de s’assurer que tous étaient en sécurité, et qu’il n’avait pas d’autres choix que de la placer en isolement à nouveau.

À son arrivée à la Nova Institution à Truro, en Nouvelle-Écosse, la jeune femme avait démontré les mêmes signes de manque d’attention que lors de son passage au centre de garde pour jeunes, où elle avait été envoyée après avoir lancé des pommes à un facteur.

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Ashley Smith avait, entre autres, tenté de mordre les agents correctionnels et avait étendu des matières fécales. Ces périodes étaient entrecoupées de brèves moments où elle collaborait avec le personnel de la prison. M. Harris a déclaré que si, une journée, la jeune Ashley faisait un pas avant, elle en faisait deux en arrière le lendemain.

L’agent de libération conditionnelle ne jugeait toutefois pas utile de garder la jeune femme derrière les barreaux au-delà de sa libération, prévue pour novembre 2007. Bien qu’elle ait eu plusieurs gestes de violence à son actif, ces écarts de conduite n’étaient pas d’une nature suffisamment sérieuse. M. Harris a soutenu devant les jurés qu’il n’y avait pas eu d’escalade dans le niveau de risque représenté par Ashley Smith.

«Un grand enfant tyrannique»

L’enquête publique sur la mort en détention de la jeune Ashley Smith a repris lundi, à Toronto, après un ajournement de deux semaines, avec le témoignage d’un psychiatre qui a rencontré la jeune Néo-Brunswickoise en 2006, lorsqu’elle venait d’arriver à un centre de détention pour adultes de la Nouvelle-Écosse.

Ashley Smith était essentiellement «un grand enfant tyrannique», a déclaré le docteur Jeffrey Penn à l’audience de lundi. Il a ajouté qu’elle était très instable et montrait des tendances sadiques.

Il l’avait rencontrée pendant 35 minutes, lui parlant au travers de la porte de sa cellule du secteur d’isolement de l’établissement Nova.

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C’était environ un an avant qu’Ashley Smith ne meure le 19 octobre 2007 au centre de détention de Grand Valley à Kitchener, en Ontario, à l’âge de 19 ans. Elle est décédée après avoir attaché un tissu autour de son cou, un geste qu’elle avait posé à plusieurs reprises par le passé.

Le docteur Penn lui avait prescrit des médicaments calmants et a pressé le personnel de l’établissement de récompenser le bon comportement de la détenue.

À l’audience, M. Penn a témoigné avoir eu peu de doute qu’Ashley Smith avait un trouble de la personnalité. Il a indiqué ne pas avoir participé à l’élaboration d’un plan correctionnel pour Ashley Smith et n’avoir jamais eu connaissance d’un tel document.

Le médecin a expliqué qu’il avait un contrat pour voir les détenues de l’établissement pour quelques heures par semaine, et qu’il devait donc travailler rapidement.

Sa première évaluation de Ashley Smith avait été faite d’urgence à la demande du personnel de la prison parce qu’elle montrait des signes de trouble de comportement.

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C’était leur décision de faire l’évaluation au travers de la porte de sa cellule, ce que le médecin a décrit comme une situation qui n’était pas idéale.

L’évaluation s’est terminée sur une bonne note, a témoigné le médecin. Il avait décidé de lui prescrire des sédatifs pour la calmer. Il avait aussi opté de ne pas la faire transférer à un hôpital psychiatrique puisqu’il croyait qu’elle obtiendrait de meilleurs soins psychologiques dans un environnement carcéral.

Ashley Smith a passé la majeure partie de la dernière année de sa vie en isolement. Elle avait été transférée 17 fois entre neuf prisons de cinq provinces.

Les travaux de la commission d’enquête publique sur la mort de la jeune femme de Moncton ont débuté en janvier. Ils devraient durer environ un an, avec l’audition d’une centaine de témoins.

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