La course à la direction du Parti conservateur de l’Ontario qui s’est terminée le 27 juin dernier a eu comme résultat d’aligner ce parti sur celui de l’Alberta. Dès le début de la campagne, le candidat Randy Hillier a indiqué qu’il fallait remettre en question la Loi sur les services en français puisque, selon lui, il ne serait pas raisonnable d’offrir des services en français dans une ville comme Toronto et qu’il fallait éviter que d’autres groupes profitent de la situation afin de faire des réclamations semblables.
Avant d’être élu, en 2007, député de Lanark-Frontenac-Lennox et Addington, Hillier était électricien. Le choc électrique qu’il voudrait faire subir aux droits linguistiques ne s’inscrit pas dans le sillon des politiques de services en français mises de l’avant sous les Premiers ministres conservateurs John Robarts et William Davis, lesquelles ont conduit entre autres à la reconnaissance du français comme langue officielle des tribunaux de l’Ontario.
La position de Hillier s’inspire plutôt de l’héritage du Premier ministre Mike Harris et de la tentative de fermer l’hôpital Montfort, le seul hôpital universitaire francophone à l’extérieur du Québec. Et si les tribunaux ont pu empêcher la fermeture de cet hôpital, c’est grâce à la Loi sur les services en français.
Hillier n’a pas remporté la direction du parti mais ses propos montrent qu’il existe encore un nombre important de gens qui croient que les droits linguistiques acquis peuvent être retirés, comme le gouvernement conservateur de l’Alberta l’a fait en 1988 lorsqu’il a aboli les droits fondamentaux de la communauté franco-albertaine.
Pas encore de correction
Ce recul important dans l’épanouissement d’une collectivité de langue officielle en situation minoritaire devait être revu cette année car, le 9 février dernier, le Premier ministre Ed Stelmach (caricature ci-contre) s’était engagé à faire adopter une politique sur les services en français avant la fin de la session du printemps à l’Assemblée législative de l’Alberta, mais cette session s’est terminée le 3 juin dernier sans qu’il y ait adoption d’une telle politique.