Quand il est question de Richard Desjardins, il est difficile – pour ne pas dire impossible – de faire la part entre l’artiste, l’homme, le citoyen et l’empêcheur de tourner en rond… Les étudiants de Parlons chanson ont donc choisi d’aborder toutes ces facettes de front lorsqu’ils ont questionné Desjardins au sujet de Notre-Dame des Scories, une des chansons-phares de cet album incontournable qu’est Kanasuta.
En tant que documentariste et auteur-compositeur, vous abordez souvent les mêmes problématiques dans ces deux formes, comme c’est le cas des questions liées à l’exploitation minière. Comment le documentariste influence-t-il l’auteur-compositeur, et vice versa?
Je ne crois pas «aborder souvent les mêmes problématiques dans ces deux formes», comme vous dites. C’est plutôt rare, en fait. Cela dit, je suis né dans la cour d’une fonderie de cuivre où les humains constituaient les seules choses vivantes autour de moi, tellement c’était pollué. Ça a dû m’impressionner, faut croire.
Mais avant d’être documentariste ou artiste, je me considère comme un citoyen. Arrivé à l’âge adulte, je me suis rendu compte que je ne connaissais rien de cette énorme usine. Qui la détenait, où le cuivre s’en allait une fois coulé, etc. Cette ignorance était d’ailleurs répandue dans toute la population qui se contentait d’avoir une job. Je me suis mis à me questionner et aussi à questionner les autres.
Et si je suis documentariste, c’est peut-être aussi parce que j’ai toujours voulu passer du temps avec mon grand ami Robert Monderie, un formidable photographe que je connais depuis l’âge de douze ans. Il m’a entrainé vers le cinéma documentaire… et je me suis laissé faire. À mon grand plaisir.