«La beauté de ce travail d’auteur-compositeur est cette aptitude qu’ont les chansons d’avoir une vie bien à elles en dehors de nous et de s’infiltrer dans la vie des autres de toutes sortes de façons qui continuent de m’étonner», reconnaît d’emblée Philippe B lorsqu’on lui annonce que les étudiants du cours Parlons chanson ont planché pendant deux heures et demie sur Philadelphie, une des pièces clés de son premier album, qui remonte déjà à 2005.
En pleine campagne électorale présidentielle américaine, c’était bien sûr l’occasion de réfléchir non seulement à la chanson en tant que telle, mais aussi à cette idée de l’Amérique, qui charrie son lot de rêves, de mythes… et de désillusions.
Vous avez évoqué dans une autre entrevue «ce point de vue culturel particulier qu’est celui du Québécois», qui est à cheval entre deux cultures. De ce point de vue, observons-nous toujours le déclin de l’empire américain à distance, ou trouve-t-on aujourd’hui au nord du 49e parallèle des éléments de la situation que vous décriviez en 2005 dans Philadelphie?
Outre quelques problématiques plus spécifiques à leur culture et leur situation (de par leur rapport de force avec le monde, la place qu’occupe la religion, leur rapport aux armes à feu, etc.), je dirais que nous sommes souvent portés aux mêmes vices que nos voisins du Sud. À la manière d’un miroir grossissant, les États-Unis nous renvoient une image amplifiée des mêmes dérives du capitalisme, même exploitation de «cheap labour» étranger, même corruption, mêmes tensions identitaires, etc.
Qu’il s’agisse de Titan, de Midas, d’Atlas ou de Trump, on a souvent l’impression que la situation dans laquelle on se retrouve – en Amérique comme ailleurs – est le résultat des actions et des attitudes des hommes. Le temps est-il venu qu’Athéna et Rose-Aimée fassent équipe avec Lady Liberty pour faire du ménage là-dedans?