Parfum d’Europe au stade du Toronto FC

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Publié 05/06/2007 par Yann Buxeda

Avec des enceintes de renom comme Anfield Road, Mestalla, ou San Siro, le soccer européen peut se targuer de proposer les plus belles ambiances sportives de la planète. Pour de nombreux immigrants, quitter l’Europe signifie également quitter l’effervescence unique provoquée par ce sport.

Rares sont les Canadiens d’adoption qui n’ont pas rapporté de leur Europe natale le virus du soccer. De l’Espagne à l’Estonie, le soccer est au peuple européen ce que la moutarde est au hot-dog: un condiment incontournable, qui exacerbe la saveur naturelle de tout ce qui l’entoure.

Jusqu’ici la découverte du Nouveau-Monde pour tout immigrant s’accompagnait de sacrifices inévitables. La visite hebdomadaire au stade en était un pour beaucoup… pour moi également. Certes, le hockey et ses attraits naturels – explosivité, tension, ferveur populaire – ont pu un temps faire office de palliatif, mais les difficultés à se procurer des billets ont généralement réussi à repousser les plus tenaces et plus riches supporters potentiels.

Mais alors où allais-je, en compagnie de ces milliers de supporters en perdition, assouvir cette incohercible envie de crier mon amour pour la baballe? Le basket? Trop de points… Le Baseball? Trop long… Le Football? Trop complexe…

Devant cette inextricable situation, je me résolvais finalement à chanter mon amour incontrolable aux idoles en culottes courtes par l’intermédiaire de ma télévision.

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Maigre consolation pour celui qui fut un temps habitué à beugler d’intraduisibles onomatopées afin qu’un joueur boursoufflé par les émoluments de ses contrats publicitaires daigne mettre la baballe au fond des cages.

La folie passagère qui m’habitait en ce temps était potentiellement excusable puisque partagée hebdomadairement avec une quarantaine de milliers d’autres amateurs dans une enceinte fermée.

Au Canada, pendant de nombreux mois, mes cordes vocales ont connu le terrible affront de ne vibrer avec ferveur que lors d’une hypothétique qualifications des Leafs pour les séries. Au final, définitivement brouillé avec mes colocataires pour quelques hurlements biens sentis alors que Morphée leur tendait les bras, j’ai finalement constaté l’inévitable échec des hommes de Paul Martin. En silence, devant mon poste de télévision…

Mais ces quelques lignes, qui ressemblent à s’y méprendre à une complainte à la naissance de mon soccer tant adoré dans mon pays d’accueil, n’en sont finalement pas une. Plutôt les sombres prémisses d’une réjouissante épopée à venir. Cette aventure se résume en trois lettres: TFC!

Toronto se vantait d’être la ville la plus multiculturelle au monde, qui plus est en pleine renaissance culturelle, et elle continue de le prouver – le festival Luminato présenté dans l’édition de la semaine dernière vous en aura peut-être convaincu un peu plus. Car Toronto, non contente de s’ouvrir au monde culturellement et artistiquement, s’est également ouverte au monde sportivement.

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Pour la première fois de son histoire, la Ville-Reine présente un club de soccer professionnel dans la principale ligue de soccer nord-américaine, la Major League Soccer (MLS). Nous avions déjà évoqué la nouvelle dans une édition précédente de L’Express, mais ici le propos est différent.

Ce n’est pas de soccer à proprement-dit dont il est question, mais bel et bien d’ambiance. Le BMO Field, qui accueille les joueurs du TFC, n’est pas la plus grosse enceinte sportive de la ville, loin de là. Et pourtant, c’est de très loin la plus bruyante!

À l’image de la Ville-Reine, le stade est un ambassadeur incontestable du multiculturalisme. Dans la même tribune se cotoient Nord-Américains, Européens, Sud-Américains, Asiatiques et Africains, tous réunis autour d’une même passion.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ca hurle et que ca chante! Après quelques visites au Air Canada ou au Skydome, je m’étais finalement résolu à accepter le fait que supporter une équipe, un sport en Ontario était simplement différent, plus discret, plus intériorisé. Il n’en est rien.

Le 12 mai dernier, lorsque Danny Dichio enfilait le premier but de l’histoire du club d’une reprise à bout portant, la pelouse du BMO Field se retrouvait en un instant recouverte des coussins protecteurs qui avaient été distribués à l’entrée et, tandis que la hola se dessinait dans les travées du stade, les kops de supporters – en l’occurrence les 20 000 personnes présentes dans le stade – chantaient à tue-tête le nom de leur héros du jour.

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Ce samedi, Toronto l’emportait finalement 3-1 sur les Chicago Fire, dans une ambiance survoltée, marquant le début d’une belle aventure. Depuis, le TFC a de nouveau connu la victoire, mais aussi retrouvé la défaite. Pour autant, les supporters n’ont cessé d’encourager les leurs. Une ambiance digne des grands soirs de Coupe d’Europe qu’il serait dommage de manquer, surtout pour un grand amateur de soccer.

Moi, j’y suis et j’y resterai encore un bon bout de temps dans cette fabuleuse tribune sud, qui chante à tue-tête en anglais, mais aussi en français… «Qu’est ce que vous chantez? Nous chantons les Rouges, Allez!»

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