Pandémie: le rappel du cimetière de Goudreau

La grippe espagnole avait décimé le village en 1918

La petite école de Goudreau, aujourd’hui abandonnée. Photos: Priscilla Pilon
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 25/04/2020 par Priscilla Pilon

À Dubreuilville, dans le Nord-Ouest de l’Ontario, le mot pandémie rappelle trop bien les ravages de la grippe espagnole. À 20 km de là, on y retrouve le village fantôme de Goudreau et son cimetière qui compte en grande majorité des pierres tombales de 1918.

Goudreau a été fondé en 1912, initialement pour servir de gare, puis pour l’exploitation minière. Il avait atteint une population d’environ 200 habitants avant que la pandémie de grippe espagnole d’il y a un siècle n’entraîne presque la totalité de ses villageois.

Aujourd’hui, plusieurs habitants de Dubreuilville croient que certains pourraient tirer des leçons du passé et suivre davantage les directives de la province à l’égard de la CoViD-19.

Un vieux poêle trouvé dans la petite école.

Passionnée d’histoire

Une résidente, Laurianne Lavoie-Lemieux, a partagé son avis sur Facebook récemment: «Si les gens croient que ça ne peut pas arriver dans notre petite communauté, allez vous promener au cimetière de Goudreau et réfléchissez. Je suis certaine que comme quelques-uns d’entre nous, ils ne croyaient pas que ça pouvait leur arriver à eux.»

Enthousiaste d’histoire, Mme Lemieux-Lavoie a fait une découverte lors de ses recherches: une jeune femme du nom de Daisy Lapham est décédée de la grippe espagnole à Goudreau à l’âge de 29 ans, le 30 octobre 1918. Elle serait née à Borstal, en Angleterre, le 14 juin 1889.

Publicité

À ce jour, un couple du sud de l’Ontario vient régulièrement entretenir sa pierre tombale et lui apporte des fleurs depuis qu’ils ont fait la découverte de son existence, il y a plusieurs années. Les descendants de Daisy Lapham ont monté leur arbre généalogique en ligne et sont très reconnaissants envers le couple.

Une vieille salle de classe à Goudreau.

Village ferroviaire

«Si le monde ne suit pas les consignes, c’est certain que ça pourrait arriver encore. Si tu regardes les pierres tombales là-bas, tu vois que les dates sont toutes de ces années-là. D’autres sites n’ont pas de pierres tombales, car il y en a tellement qui sont décédés qu’ils sont juste enterrés là.»

«C’est une place qui était loin de tout et dans le milieu de nulle part. Le fait que ce soit venu jusqu’ici… tu te dis “wow”», réfléchit pour sa part le gérant de l’entreprise familiale Quickee-Mart, Luc Levesque.

Les circonstances d’il y a 100 ans étaient toutefois bien différentes: les trains étaient un mode de transport beaucoup plus fréquent qu’aujourd’hui pour les Canadiens.

«Étant originalement un village ferroviaire, Goudreau avait assez de va-et-vient. À cause du chemin de fer, le petit village était très susceptible de répandre rapidement la maladie et sans accès rapide à un médecin. Il y avait aussi un manque d’éducation: personne n’avait conscience de l’état d’urgence ou ils l’ont su trop tard», raconte la mairesse de Dubreuilville, Beverly Nantel.

Publicité

Un siècle d’avancements technologiques 

Quoique les gens puissent maintenant traverser la planète en quelques heures, et malheureusement répandre n’importe quel virus rapidement, la technologie pourrait-elle en même temps permettre d’épargner la population?

«Le monde est devenu beaucoup plus petit: nous n’avons pas besoin de voyager par bateau comme il y a 200 ans. Bien que la grippe espagnole ait touché un tiers du monde, nous avons maintenant la science de notre côté et nous recevons les nouvelles instantanément», évoque Mme Nantel.

Le district rapportait d’ailleurs que l’un des derniers cas de CoViD-19, une femme de 60 ans, n’a été en contact avec personne qui aurait voyagé, ce qui signifie que la propagation est maintenant au niveau de la communauté de Sault-Ste-Marie.

Un chemin de fer dans le nord de l’Ontario.

Island Gold Mine

Laurianne Lavoie-Lemieux rappelle qu’avec le va-et-vient de la mine, les gens ne sont pas hors de danger.

La mine Island Gold de Dubreuilville a annoncé le 17 avril à ses employés un retour au travail pour le 29 avril. Les responsables appelleront leurs employés de Dubreuilville avant ceux qui vivent ailleurs, afin de minimiser la circulation entre les villes et les provinces. Ceux qui resteront chez eux continueront de recevoir 75% de leur salaire jusqu’à nouvel ordre.

Auteur

  • Priscilla Pilon

    L’Initiative de journalisme local est financée par le gouvernement du Canada et gérée par l'Association de la presse francophone.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur