Panama: il n’y a pas que le canal!

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Publié 24/01/2012 par Paul-François Sylvestre

Quand j’ai dit à des amis que je me rendais au Panama pour Noël, certains m’ont dit de faire attention pour ne pas tomber dans le canal…! Le pays est surtout connu pour son canal qui permet de passer de l’océan Pacifique à l’océan Atlantique. Même si ce canal demeure un ouvrage unique par lequel transite une grande partie du commerce mondial, le Panama offre une foule d’autres attractions.

Je me suis d’abord demandé ce que signifie le mot Panama. Il semble y avoir plusieurs théories. Certains croient que le pays porte le nom d’une espèce très commune d’arbres.

D’autres disent que les premiers colons sont arrivés en août lorsqu’il y a plein de papillons et que panama signifie abondance de papillons. Il y a aussi une théorie qui tourne autour du fait qu’un village de pêcheurs longeait une plage appelée Panama, ce qui signifie abondance de poisson.

À l’école, pour être le plus inclusif possible, on donne la définition suivante: «abondance de poisson, d’arbres et de papillons». Mais des puristes estiment que Panama est une déformation du mot «bannaba», du dialecte de la tribu des Kunas, et
signifie «distant, très loin».

Le pays a une superficie un peu plus grande que celle du Nouveau-Brunswick et compte quelque 3,5 millions d’habitants. La capitale est Ciudad de Panamá, on y parle l’espagnol et les billets qui circulent au Panama sont américains.

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À tout seigneur tout honneur!

Le canal fait la renommée de Panama. On estime qu’environ 40 vaisseaux traversent le canal chaque jour et paient des droits de transit (selon le tonnage) qui s’élèvent en moyenne à 80 000 $ par bateau. Les frais les plus élevés en 2010 se chiffraient à 419 000 $. Il faut remplir trois conditions pour traverser le canal: a) payer les frais de transit sans carte de crédit, b) avoir un bateau en bonne condition et c) laisser le gouvernail à un pilote panaméen.

Le métier de pilote est très prisé, car le salaire peut atteindre les
250 000 $ par année. Quarante vaisseaux traversent le canal chaque jour. Les guides aiment bien noter que les frais les plus bas pour traverser le canal ont été payés en 1928 par l’Américain Richard Halliburton. Pesant 150 livres, il paya 36 cents, fit la traversée à la nage en 50 heures réparties sur 10 jours. Personne d’autre ne fut autorisé par la suite à traverser à la nage en raison de la présence des crocodiles. Selon mon guide Erick, les trois principales sources de revenus au Panama sont, dans l’ordre, les chantiers de construction, la zone de libre-échange et la traversée du canal. Toujours selon Erick, Ciudad de Panamá est la seule ville au monde où on peut voir le soleil se lever en fixant l’océan Pacifique. La capitale est aussi l’endroit où l’architecte canadien Frank Gehry construit présentement le Biomuseo qui ouvrira dans quelques mois.

On sait que de nombreux Chinois sont venus au Canada, en Colombie-Britannique, pour construire notre chemin de fer. Ils ont aussi participé à la construction du chemin de fer longeant le canal de Panama. La capitale compte aujourd’hui un important quartier chinois qui se dresse dans la rue Sal si puedes (Get Out If You Can).

Piedras pintadas

Mon guide m’a conduit dans la Vallée d’Anton pour voir des «piedras pintadas» ou roches peintes dont les pétroglyphes laissent encore les archéologues bouche bée. Mais cela n’empêche pas les jeunes guides indigènes de vous détailler l’histoire que racontent ces pétroglyphes.

Aussi longue que la perche qu’ils utilisent pour indiquer les gravures, leur explication se résume ainsi: les pétroglyphes datent de plusieurs centaines d’années et illustrent l’épopée des indigènes de la région qui résistèrent aux armées des colonisateurs espagnols. Une autre hypothèse serait qu’il s’agit de signes pour donner des informations utiles aux voyageurs indigènes.

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L’explication des guides est aussi longue que leur perche. Mignons et ensorceleurs, ces guides ont entre 8 et 12 ans et captivent l’intérêt des touristes qui leur versent évidemment de généreux pourboires. Le guide de voyage Ulysse recommande de ne pas louer les services de ces jeunes, car cela encourage la déscolarisation des enfants.

Les guides n’hésitent pas à enjoliver leur récit pour se rendre intéressants. Le mien m’a raconté que Vasco Núñez de Balboa, conquistador espagnol (1475-1517), aurait écrit à la reine Isabelle pour lui exposer toutes les richesses du paradis panaméen où «les ponts sont en or».

Selon Erick, la reine serait venue au Panama et, constatant les menteries de son explorateur, l’aurait fait décapiter sur-le-champ. Les livres d’histoire décrivent la fin de Balboa de façon bien différente: exécution pour trahison.

Noix de cajou

J’ai dû me rendre au Panama pour apprendre comment la noix de cajou pousse. L’arbre est appelé marañon (anacardier) et son fruit réel est la noix de cajou, greffée à un pédoncule charnu et juteux de couleur rouge ou jaune à maturité. Le pédoncule a la forme d’une poire à pulpe spongieuse et fibreuse. On appelle cette partie la pomme cajou. Fruit et noix tombent de l’arbre en même temps. La noix est grillée et la pomme est pressée pour en extraire le jus. Panama n’exporte pas de noix de cajou. La pomme de cajou est un des rares fruits dont le noyau, le pépin ou la noix est à l’extérieur.

En terminant, je vous signale que si vous partez avec le guide Ulysse Panama, vous verrez plus qu’un imposant canal. Vous découvrirez 14 parcs nationaux, 10 000 espèces de plantes et 1 000 espèces d’oiseaux. Panama a des accents tour à tour historiques, économiques et écologiques.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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