Où sont les faiseurs de pays?

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 08/12/2015 par Gérard Lévesque

Des générations de Canadiens se sont fait dire par leurs politiciens que la dualité linguistique était le fondement du pays. Des générations de Canadiens ont vu leurs législateurs inscrire les droits linguistiques dans des textes constitutionnels ou législatifs du Parlement et des Assemblées provinciales et territoriales.

Dans 12 mois, nous serons rendus en 2017. Serons-nous fiers de célébrer le cheminement linguistique du pays? Ou est-ce que ce sera plutôt l’occasion de se remémorer 150 ans d’injustices linguistiques?

La décision majoritaire rendue le 20 novembre dernier par la Cour suprême du Canada dans le dossier Caron c. Alberta, 2015 CSC 56, provoque certainement un grand mécontentement chez les francophones de la Saskatchewan et de l’Alberta.

Dans les médias, le blogueur Pierre Allard y voit la consécration, pour les francophones, du statut de «citoyens de second ordre». Pour Maître Maxime Laporte, président de la SSJB-Montréal, la décision du plus haut tribunal du pays constitue une seconde pendaison pour Louis Riel.

À mon avis, ce jugement remet en question le tissu social du pays et interpelle les élus de la Chambre des communes et des assemblées législatives des provinces et territoires. En 1982, le rapatriement de la Constitution visait notamment à favoriser une réconciliation entre francophones et anglophones.

Publicité

Pour garantir la reconnaissance des droits linguistiques, on inscrivait dans la Charte canadienne des droits et libertés plusieurs dispositions, dont une reconnaissant le français et l’anglais comme les langues officielles du Canada, et une autre confirmant le pouvoir du Parlement et des législatures de favoriser la progression vers l’égalité de statut ou d’usage du français et de l’anglais.

Force est de constater que, malgré des progrès vers l’égalité dans certaines régions du pays, ailleurs comme en Alberta, cela a plutôt été une progression vers l’inégalité de statut ou d’usage du français et de l’anglais devant les tribunaux. Ne serait-il pas approprié et même urgent en 2016 de faire un bilan pancanadien des initiatives prises en vue de favoriser ou limiter ou contrer la progression vers l’égalité de statut ou d’usage du français et de l’anglais?

Si, en cette fin d’année, vous avez un peu de temps pour lire, je vous recommande l’ouvrage «Le statut du français dans l’Ouest canadien: la cause Caron», disponible au coût de 20$ au secrétariat de l’Association des juristes d’expression française de la Saskatchewan, 1440, 9e Avenue Nord, bureau 219, Regina, Saskatchewan S4R 8B1, téléphone: 1-855-924-8543.

Comme il est de mise de garder un sens de l’humour même dans l’adversité, je note que, cette année encore, le Père Noël a accepté d’intercéder publiquement en faveur des francophones qui, malgré les demandes historiques de Louis Riel à l’effet que «l’usage des langues française et anglaise soit commun devant les tribunaux», en sont toujours au point de se faire refuser, ou d’avoir à quémander devant le prétoire albertain, le droit à la reconnaissance de leur langue officielle.

* * *

Publicité

Pierre Allard : les francophones, «citoyens de second ordre»

Maxime Laporte : une seconde pendaison pour Louis Riel

Le statut du français dans l’Ouest canadien : la cause Caron

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur