Opéra: l’éternité face à l’éphémère

Ariadne auf Naxos à la COC

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Publié 17/05/2011 par Annik Chalifour

La Canadian Opera Company propose l’opéra allemand Ariadne auf Naxos (Ariane à Naxos) de Richard Strauss. Il s’agit de la version définitive créée en 1916 à Vienne, et comprenant un acte précédé d’un prologue. Cette oeuvre est présentée les 18, 21, 27 et 29 mai au Four Seasons Centre for the Performing Arts.

Ariane à Naxos est la radieuse illustration du mélange des genres: une variation sur le théâtre-dans-le-théâtre où des figures de la commedia dell’arte se mêlent à des figures mythologiques, au sein d’un opera seria.

Deux concepts y sont opposés, ce qui est éternel et ce qui est éphémère, à travers deux attitudes face à l’amour: Zerbinette, le personnage «bouffe», n’en est pas à son premier amant, tandis qu’Ariane est fidèle à son seul amour.

L’opéra baroque est précédé d’une comédie qui traite de problèmes autrement plus matériels: la vie des artistes vue des coulisses et le désespoir du compositeur de voir son oeuvre compromise par l’intrusion des comédiens italiens.

Opéra dans l’opéra

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Dans la maison de l’homme le plus riche de Vienne, se prépare la première représentation de l’opéra Ariane à Naxos, œuvre d’un jeune compositeur. Ce dernier apprend que son opéra sera suivi d’une comédie chantée et dansée. Juste avant le début de la représentation, le majordome annonce qu’à la demande de l’exigeant richissime, l’opéra et la comédie soient présentés simultanément. Comme il reste peu de temps, il faut réagir promptement et improviser, ce qui est la spécialité de Zerbinette.


Le compositeur estime que le pragmatisme l’emporte sur son idéal; ainsi décide-t-on de couper les passages trop longs de l’opéra Ariane. La prima donna et le ténor rivalisent et en profitent pour inciter, chacun de leur côté, le maître de musique à supprimer les airs de l’autre.

Pris sous le charme de Zerbinette, le compositeur finit par se résigner et accepte la tournure des événements, même si cela lui paraît trahir l’art sacré de la musique, avant de se retirer.

Opéra dans l’opéra, Ariane à Naxos, véritable singularité dans la littérature musicale du début du XXe siècle, dévoile au public ce qu’il n’a pas l’habitude de voir: une invitation à la réflexion sur la création artistique naviguant sans cesse entre tragédie, comédie et satire sociale, tenant peut-être à l’aventure de sa composition.

Cette interprétation présente la versatilité artistique de la COC par une mise en scène étonnante où chanteurs et musiciens évoluent avec brio au sein de genres artistiques opposés qui se croisent continuellement.

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Le spectacle met en vedette trois talents féminins éblouissants: la mezzo-soprano britannique Alice Cote (le compositeur), la soprano Jane Archibald (Zerbinetta), originaire de Nouvelle-Écosse faisant ses débuts à la COC, la soprano canadienne Adrianne Pieczonka (Ariane).

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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