Omar Khadr sera transféré de Guantanamo au Canada

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Publié 19/04/2012 par Colin Perkel (La Presse Canadienne)

à 18h21 HAE, le 18 avril 2012.

TORONTO – Le jeune Canadien condamné aux États-Unis pour crimes de guerre, Omar Khadr, qui est devenu le symbole des excès reliés à la guerre au terrorisme, a fait un pas de plus vers un retour au Canada en déposant une demande formelle de transfert de la prison de Guantanamo Bay.

Les querelles diplomatiques à son sujet persistent néanmoins entre le Canada et les États-Unis, a indiqué une source, selon qui Washington cherche «désespérément» à renvoyer Omar Khadr à la maison — Ottawa aurait essentiellement été contraint à le reprendre.

«Les États-Unis ont en fait demandé une faveur diplomatique au Canada, qui s’est engagé à étudier une telle demande de manière favorable», a affirmé cette source. «Les États-Unis ont leurs propres raisons de vouloir se débarrasser de ce garçon.»

Washington «fait des pieds et des mains» pour s’assurer du départ d’Omar Khadr, et devra «tenter de trouver des moyens pour contourner certaines de leurs propres règles», a ajouté cette même source, selon qui le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, n’a d’autres choix que d’accepter le retour du jeune Canadien, né à Toronto.

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Une porte-parole du ministre Toews a confirmé mercredi que la requête d’Omar Khadr était bel et bien entre les mains du gouvernement fédéral.

«Le gouvernement canadien vient de recevoir une demande complète pour le transfert du prisonnier Omar Ahmed Khadr», a affirmé Julie Carmichael, porte-parole du ministre. «Une décision sera prise dans le respect des lois canadiennes», a-t-elle précisé.

Du côté des États-Unis, le Pentagone n’a pas confirmé que le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, avait signé la requête formelle de transfert. Le président Barack Obama doit donner un préavis de 30 jours au Congrès.

Mark Toner, le porte-parole du département d’État américain, a reconnu mercredi que Washington voulait vider les cellules de la prison de Guantanamo Bay et que l’administration Obama avait approuvé le transfert du jeune prisonnier.

Il n’a toutefois donné aucun détail ou échéance à ce sujet. «Nous travaillons afin de régler cette question rapidement», a indiqué M. Toner.

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Omar Khadr, aujourd’hui âgé de 25 ans, était éligible à rentrer au Canada depuis octobre, selon les termes d’une entente de plaidoyer.

Le jeune Khadr avait plaidé coupable en octobre 2010 à cinq accusations de crimes de guerre commis en Afghanistan alors qu’il était âgé de 15 ans. En échange de cet aveu, la commission militaire lui a imposé une peine de huit ans de prison, dont un an seulement devait être purgé à la base navale américaine à Cuba, où il était incarcéré depuis l’automne 2002.

Le gouvernement du premier ministre Stephen Harper s’est toutefois montré réticent à l’idée de rapatrier Omar Khadr, qu’il considère comme un dangereux terroriste. Les querelles diplomatiques ont depuis été constantes entre les deux capitales relativement à son transfert.

Selon une source proche du dossier, les États-Unis exercent des pressions sur le Canada pour qu’il reprenne le jeune homme. D’autres sources ont indiqué que les délais dans le dossier Khadr ont compliqué les procédures de la commission militaire pour d’autres prisonniers de Guantanamo Bay, qui hésitent à conclure des ententes de plaidoyer.

Si Omar Khadr devait rester à Guantanamo Bay jusqu’à la fin de sa peine, il pourrait ensuite rentrer au Canada et y jouir d’une libération complète, selon la source anonyme.

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En fait, selon les lois canadiennes, il pourrait même être éligible à la libération conditionnelle d’ici la fin du mois prochain, ont déclaré certaines sources à La Presse Canadienne.

Son avocat canadien, John Norris, s’est dit heureux des mesures qui avaient été prises jusqu’à présent. «Nous espérons une réponse rapide de la part du ministre, a-t-il dit. Nous avons confiance qu’il réglera le dossier avec célérité.»

Me Norris dit ignorer où son client se retrouverait à son retour.

L’annonce du possible transfert d’Omar Khadr a été accueillie très favorablement par le porte-parole néo-démocrate en matière de justice. Il était «grand temps», a dit Jack Harris, que le gouvernement conservateur fasse en sorte que le jeune homme rentre au bercail.

«La Cour suprême a déjà indiqué que les droits constitutionnels de M. Khadr ont été violés par le gouvernement Harper», a affirmé M. Harris. «Ils devraient arrêter de se traîner les pieds et régler rapidement cette demande.»

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Omar Khadr avait été grièvement blessé à la suite de l’affrontement armé d’une durée de quatre heures ayant mené à son arrestation en Afghanistan au mois de juillet 2002. Il a plaidé coupable à une accusation de meurtre pour avoir lancé une grenade qui a tué un soldat des forces spéciales américaines, et qui a fait perdre un oeil à un autre soldat.

Son père, Ahmed Said Khadr, était un proche du défunt leader du réseau terroriste Al-Qaïda, Oussama ben Laden.

Les proches d’Omar Khadr ont refusé de commenter les récents développements, mais ils ont déjà signifié que le jeune homme était impatient à l’idée de retrouver sa mère.

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