Comme un bon père de famille qui s’évertue à nous rappeler que tous ses enfants sont dignes d’autant d’amour et d’attention, Jean-Pierre Ferland place son quatrième coffret rétrospectif, Les chansons oubliées (GSI Musique) sous le signe de la (re)découverte, en affirmant d’emblée, au sujet de ses anciennes chansons: «Les plus belles sont les moins connues».
Hormis quelques titres qui ne cadrent aucunement avec la prémisse (dont cet épique Un peu plus haut, un peu plus loin, que commet le tandem Céline Dion/Ginette Reno, et qui relève plus de l’haltérophilie que de la chanson), Ferland propose une vingtaine de solides arguments en faveur d’une approche égalitaire.
Certains enregistrements d’origine, soit de la période chansonnière (La ville), soit des années rock (Pap-Pi-Douz), y côtoient de nouvelles versions de titres mythiques (le thème de l’émission Les couche tard) ou carrément sauvés des oubliettes, comme ce bouleversant Parlez-moi d’autre chose, admirablement servi par une voix éraillée par le passage du temps. Quand on sait que notre homme est bien déterminé à ne pas sortir de la retraite, ces quelques perles anciennes – mais aucunement jaunies – n’en ont que plus de valeur à nos oreilles.
Mise à nu no 1
Pour Tu m’intimides (Audiogram), le quatrième album d’un parcours amorcé avec fracas par le lancement de Le chihuahua (neuf nominations au gala de l’Adisq en 1999!), Mara Tremblay prend les grands moyens pour imposer sa nouvelle griffe, au-delà du country urbain – et un peu country-trash, à vrai dire – de ses débuts. Et je ne parle pas uniquement de la pochette de l’album, laquelle constitue l’aspect extérieur d’une mise à nu qui se poursuit à l’intérieur.
À quelques exceptions près, la voix nasillarde cède à des interprétations plus conventionnellement pop, mais c’est dans l’instrumentation que réside l’intérêt de Tu m’intimides. Par-dessus des refrains qu’on devine écrits «à l’ancienne» (entendez: à la guitare, sur un coin de table de cuisine), on a collé des nappes de synthés analogiques sortis droit des années 70, filtrant ce flot sonore dans des pédales à effets tout aussi rétro.