Oasis: un tremplin pour les femmes qui entreprennent

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Publié 19/08/2014 par Marion Vagner

L’aventure du programme Tremplin commence l’année dernière, lorsqu’une formation entreprenariat est organisée au sein d’Oasis Centre des femmes, un centre interdisciplinaire qui offre des services de soutien et d’accompagnement dédiés aux femmes francophones.

«Lors de cette formation, nous avons pu constater qu’un certain nombre de femmes avaient des projets d’entreprises, parfois très avancés», explique Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis, «c’est comme cela que nous avons réfléchi à la manière de les aider et sommes passés à l’étape suivante: le mentorat».

Les futures entrepreneuses ont dû monter un dossier et soumettre leur idée d’entreprise, et seuls les projets bien réfléchis et définis ont été choisis. «On donne le dernier coup de pouce qui permet de faire partir des projets déjà bien travaillés», confie Fayza Abdallaoui, agente à la préparation à l’emploi et à l’entreprenariat de l’association.

Dada Gasirabo et Fayza Abdallaoui constatent que le monde de l’entreprenariat en Ontario est essentiellement «anglophone et masculin», et que les barrières pour les femmes francophones sont nombreuses. Le mentorat est donc un véritable appui, car Tremplin est un programme d’aide très pratique et adapté aux besoins de chaque projet. Il permet de comprendre comment accéder à des prêts financiers, ou à des organismes nationaux qui peuvent financer tout ou partie d’une entreprise en devenir.

Parmi les dix femmes du projet Tremplin 2014, on retrouve entre autres des ambitions de haute couture, de services de ménage en français, de pâtisserie haut de gamme, de garderie, de tutorat.

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Les séances sont riches: «La confiance est au cœur d’un mentorat réussi, et les femmes mettent en commun leurs ressources: il y a une véritable solidarité», poursuit Dada Gasirabo, «l’aspect levier est clef, car les femmes se motivent entre elles».

Fayza Abdallaoui rappelle qu’il y a de nombreuses questions qui sont spécifiquement féminines: pouvoir rester indépendante en ne subissant pas un endettement lourd par exemple. L’association incite les femmes du programme à réaliser que beaucoup de choses peuvent être faites sans argent, avec de l’entraide, un soutien des paires, des familles, d’un quartier.

Le programme Tremplin s’inscrit dans la philosophie globale de l’association: «Oasis est là pour toutes les femmes victimes de violences physiques, morales, mais aussi celles que nous appelons économiques», révèle Dada Gasirabo. «Il y a un lien de cause à effet entre l’autonomie financière et la violence faite aux femmes: plus nous inciterons les femmes à entreprendre, et moins nous verrons des situations de dépendances affectives et matérielles.»

Le programme Tremplin continuera l’année prochaine, et les places sont ouvertes pour les mentorées et les mentors qui souhaitent s’investir pour aider les femmes à entreprendre: mentors femmes… ou hommes bien sûr.

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Une mentor: Kristel Procida

Kristel Procida est propriétaire du restaurant Ti Colibri, qui propose un menu antillais au marché de Kensington.

Comment êtes-vous entrée dans le programme?

«Je connaissais Fayza de l’association Oasis Centre des femmes, et j’ai commencé à faire des présentations sur l’entreprenariat. La suite logique était de devenir mentor sur le programme Tremplin.»

Quels sont les conseils que vous prodiguez au jour le jour à vos mentorées?

«Ce sont des conseils très pratiques, des choses auxquelles on ne pense pas quand on commence à monter un business. On a toujours une bonne idée de départ, mais on ne connaît pas la réalité des marchés. Je suis là pour mettre à jour cette réalité, et leur donner une idée de la concurrence, je leur demande aussi d’aller visiter des endroits qui marchent bien.»

Quelle est la barrière principale pour les femmes francophones?

«L’administration canadienne est simple, mais paradoxalement un peu trop: de nombreux points sont assez vagues, et il est difficile d’obtenir des confirmations. Je montre comment chercher des programmes d’aide à la mairie, et comment, financièrement, on peut relever le défi de trouver un prêt quand les banques sont très frileuses.»

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Une mentorée: Justine Lam

Justine Lam travaille sur son projet de boutique Quintessence Cakes and Pastries.

Comment avez-vous connu le programme Tremplin?

«Grâce à la formation entreprenariat, que j’ai suivie l’année dernière au centre Oasis»

Comment se passe la collaboration avec votre mentor?

«Depuis notre première rencontre, Kristel me montre quelles sont les démarches, les étapes, comment procéder. Elle me donne de nombreux conseils pratiques, me conseille des lieux à observer, me donne une idée des fournisseurs intéressants et fiables, car j’ai l’ambition d’utiliser de bons produits de saison. Franchement, nous avançons très vite pour un gros projet.»

Pourquoi se tourner vers un programme spécifique pour les femmes?

«On se retrouve entre femmes, donc on se comprend, et on va à un rythme qui nous convient. Les femmes ont d’autres responsabilités que celles liées au travail, nous avons une vie de famille, des enfants à aller chercher ou qui tombent malades. Avec une communauté de femmes, on n’est jamais jugée de partir plus tôt ou de demander des horaires adaptés. On est dans le dialogue, dans le partage. Je n’aurais jamais pu monter mon projet sans cette flexibilité.»

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