Nos porcs meurent de surmenage

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Publié 16/02/2016 par Lilian Schaer (AgInnovation Ontario)

De nouvelles recherches financées par le Programme ontarien d’innovation agricole montrent que l’insuffisance cardiaque liée à l’hypertrophie du cœur serait l’une des principales causes de la mort de porcs au sein d’exploitations porcines ou durant le transport.

Les pertes en cours de transport – les porcs qui meurent durant le transport – sont généralement plus nombreuses durant les mois d’été lorsque le temps se réchauffe, un constat qui résonne avec le point de vue très répandu voulant que le stress thermique soit l’un des principaux facteurs de mortalité.

«Nous savons maintenant qu’il y a bien des causes qui sous-tendent cette situation et qu’il s’agit d’un état relativement rare – il touche environ 0,06 % des porcs expédiés vers le marché –, mais nous devrions faire quelque chose pour y remédier», explique Tony Van Dreumel, consultant et pathologiste vétérinaire indépendant et collaborateur au projet avec Kathy Zurbrigg, candidate au doctorat à l’Université de Guelph.

Ces conclusions ont amené des chercheurs de Guelph et du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario à étudier plus profondément les morts inexpliquées. Au cours du projet, ils ont notamment examiné 10 cœurs provenant de chacune des 30 exploitations porcines du Sud-Ouest de l’Ontario.

Alors que 30% des cœurs examinés se sont avérés normaux, 70% révélaient un degré d’anomalie quelconque, comme un élargissement et un épaississement des parois cardiaques. Ces cœurs élargis sont incapables de bien pomper le sang dans l’organisme; pour compenser, ils battent plus rapidement, ce qui empêche la fréquence cardiaque des porcs d’augmenter lors d’un effort physique. Lorsque le cœur n’est plus capable de compenser, il s’arrête.

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«Nous avons constaté qu’un fort pourcentage des porcs morts durant le transport étaient atteints de lésions cardiaques préexistantes. Des conditions stressantes comme le chargement, le transport et la chaleur provoquent chez eux une insuffisance cardiaque aiguë. Bref, ils meurent d’hypertrophie», explique M. Van Dreumel. «Chaque exploitation comptait quelques cœurs affectés, même chez des porcs ayant survécu sans problème jusqu’à l’étape de la transformation.»

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour établir la cause. Les anomalies cardiaques identifiées dans l’étude ressemblent à celles d’un trouble cardiaque héréditaire reconnu chez les chats, les chiens et même les humains. L’équipe poursuivra ses travaux pour essayer de déterminer si des facteurs génétiques sont en cause chez les porcs également.

«Ces porcs atteints d’hypertrophie du cœur se trouvent devant un péril imminent et toute forme de stress peut provoquer une insuffisance cardiaque aiguë, alors nous étudions des moyens de réduire les facteurs de stress au sein des exploitations et durant le transport», ajoute M. Van Dreumel.

Entre autres mesures, on pourrait utiliser une rampe de chargement abaissée au niveau de la porcherie plutôt que de faire monter les porcs sur une rampe; recourir à des techniques de manutention occasionnant peu de stress lors du déplacement afin d’éviter le surmenage des animaux; et transporter directement les porcs de l’exploitation aux installations de transformation, au lieu de décharger et de recharger les animaux à un parc de groupage.

Ontario Pork, un organisme représentant les producteurs de porcs de la province, participe au financement de projets de recherche sur des questions comme celle-ci qui touchent tant les éleveurs que les animaux dont ils s’occupent.

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«Nous voulons rendre le processus de transport aussi aisé que possible pour les animaux », explique Jean Howden, coordinateur de la recherche et des projets chez Ontario Pork. « Élever des animaux en santé est primordial pour les producteurs de porcs et tout au long de la chaîne de valeur, de la ferme au transport, jusqu’à la transformation. Toute recherche pouvant contribuer à réduire les pertes profitera à l’ensemble de l’industrie, et le Programme ontarien d’innovation agricole nous a permis d’étudier plus à fond de telles questions.»

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